Les ramen, le gras, le pain, le vin… Avec le podcast Bouffons, Guilhem Malissen et ses invités passent à la casserole chaque semaine nos 1001 façons de faire bonne chère. Rencontre avec celui qui régale nos écoutilles et nos papilles.
Guilhem Malissen - Photo Thomas O'Brien
En plus du podcast Bouffons, tu es à l’origine d’un livre de cuisine responsable, et de la chaîne youtube « Hangover cuisine » tu veux nous contrôler la « foodosphère » ?
J’aime manger, faire à manger et en parler, c’est ça mon truc. C’est surtout une envie de faire plein de choses et de ne pas se priver ! Comme j’ai du temps, j’essaye de varier et à chaque fois j’aime bien ! Dès que j’en ai marre de faire un montage je peux faire autre chose, sauter d’un truc à l’autre en restant productif !
Pourquoi le format du podcast plus que l’écriture ou un blog ?
Nouvelles écoutes (http://www.nouvellesecoutes.fr/) m’a contacté pour faire le podcast. J’ai toujours aimé les émissions de radio, c’est un média agréable à faire, la radio a un truc en plus, très intime. Les podcasts sont plus à la mode en ce moment, y’a un travail plus intéressant y faire sur ça, car la radio est plus propice à la discussion. Avec l’audio t’as le ton, la façon dont la personne parle, ça ajoute tout de suite un truc !
Quand t’as lancé ton podcast, est-ce qu’il y avait un sujet essentiel que tu voulais vraiment partager ?
Il y en a beaucoup, mais je dirais surtout celui sur le poulet frit et de savoir si c’est vraiment un cliché que les personnes noires en mangent. Quand j’ai voulu faire ça, je pensais qu’il y avait déjà des études sur le sujet, et en fait pas du tout à ma portée, sauf des écrits universitaires. J’ai invité quelqu’un pour venir en parler, donc maintenant le sujet existe et je suis vraiment content, car c’est un point de vue rare, quasiment inexistant en français qui met un peu de réflexion dans une blague !
Une rencontre qui t’a marquée ?
Beaucoup m’ont marqué, j’arrive pas à en sortir un ! Le podcast me donne l’opportunité de passer 30 minutes à 1 heure avec un passionné de la même chose que moi et je n’aurais pas cette chose-là dans un autre cadre. C’est un truc sur la bouffe donc les gens sont assez contents de venir en parler ! J’ai surtout en tête la rencontre avec la fondatrice de la pizzeria Da Graziella et un ostréiculteur, c’est passionnant de passer du temps avec eux.
D’où te vient cette appétence pour la nourriture et la cuisine, es-tu tombé dans une bouillabaisse quand tu étais petit ?
Quand j’étais petit, on me disait que j’étais difficile, j’aimais seulement quelques trucs. Mais petit à petit on s’est aperçus que j’aimais pas la cantine, non pas parce que j’étais difficile, mais parce que c’était dégueulasse ! Je me disais bien que c’était bizarre parce qu’il y a des trucs que j’adore, que je mange en 5 minutes et d’autres que je trouvais horribles. Quand t’es petit, on n’essaye pas de te dire que t’as un goût, on te dit directement que t’es difficile. C’est tout de suite un défaut. Ça m’intriguait un peu, car je me suis rendu compte que j’étais curieux pour certains trucs, j’étais bloqué sur des lubies.
Quelles lubies ?
Des choses très précises : la charcuterie, le pâté et les pizzas ! Et je détestais les légumes. Petit à petit tu mets le doigt dessus. Lorsque je voyageais avec mes parents, je découvrais de nouveaux trucs bizarres ou intéressants. Je me souviens d’un voyage en Espagne où j’ai mangé du poulpe… de ce voyage, je me rappelle surtout de ces trucs que j’ai mangé ! Après tu te dis que t’aimes ça, et après tu t’en lasses plus jamais.
C’est donc un cheminement qui part du goût…
Expliquer ce truc-là, ça paraît évident. Après, je me rappelle très bien, j’étais étudiant et j’ai voulu essayer de faire une omelette alors que je détestais ça, car j’avais en tête celle de la cantine où c’était un truc tout fin, tout moite, tout trempé… J’en ai donc fait une chez moi tout seul, avec œufs et des pommes de terre et j’ai trouvé que c’était trop bon, donc après tu commences à tout déconstruire dans ta tête ! Plein de gens ne s’en rendent pas compte, mais ils sont un peu traumatisés par les plats de la cantine. Si t’as pas l’opportunité de laisser une deuxième chance à ces produits-là, si personne te dis de réessayer, tu te dis « tel truc est dégueulasse » et tu peux rester toute ta vie à penser que le gratin dauphinois c’est pas pour toi !
Est-ce que c’est arrivé comme une deuxième phase ta conscience pour la cuisine responsable ?
Ça vient plus tard, au début tu prends du plaisir à faire à manger, à cuisiner et à manger tout ce qui te paraît bon. La conscience des saisons ça vient après. Ça fait 3-4 ans, que je me rends compte que beaucoup de gens en parlent et ça me parait cohérent. Les légumes poussent à une saison et pas une autre donc pas besoin qu’on te le dise 2 fois !
Tu as réussi à convaincre tes potes de manger plus responsable ?
En février, je suis allé chez un couple de potes qui avaient préparé une salade de tomates ! c’était pas possible (rires) ! Puis quand je suis parti en avances avec des potes, le matin ils mangeaient du Nutella, donc je me suis mis à leur expliquer que t’as trop envie d’en manger, mais c’est vraiment le pire truc ! Je lui explique, et ils me disent « tu penses à tellement de trucs en te réveillant ». Même si pour moi c’est évident, c’est juste qu’il y a beaucoup de gens ils ont un peu la flemme, ils ont conscience du truc, mais ils ne le mettent pas en pratique !
Tu manges moins de viande, aussi ?
Je mange beaucoup moins de viande et c’est les discours qui m’ont convaincu, les végétariens qui mangent moins de viande pour moins polluer tu peux pas leur dire qu’ils ont tort ! Après, toi tu agis en fonction de ce que tu peux faire. Je sais que j’aime trop la viande pour arrêter d’en manger, mais c’est un truc vers lequel j’essaye de tendre. Je me rappelle dans un reportage, on expliquait qu’on vivait au-dessus des moyens de la terre et pour revenir dans ces moyens pas besoin de revenir au Moyen-Âge, juste 40 ans en arrière, suffirait ! Qu’est ce qu’on faisait en 70 ? On ne mangeait pas tant de viande, y’a donc plein de petites habitudes qu’on peut changer.
Avec ta chaîne Youtube Hangover Cuisine , tu conseilles des plats pour se remettre d’une cuite. C’est l’été, qu’est ce que je bois après avoir abusé du « pastaga » ?
À Marseille y’a un truc typique c’est la pizza moitié-moitié, genre moitié fromage et moitié anchois. Un peu grasse, un peu différente de ce qu’on a l’habitude, mais très réconfortant pour la gueule de bois. Parce que je ne conseillerais pas la soupe de poisson !
Tu fais également du stand-up, est-ce que tu as déjà pensé à des passerelles entre tes blagues et la cuisine? Même si ça parle plutôt masturbation d’un côté et graillon de l’autre…
On avait déjà tenté un truc au Perchoir pendant 2 soirées où on se faisait à manger et on organisait une soirée stand-up. Quand t’es dans le domaine de la cuisine c’est très dur de l’expliquer aux gens qui sont néophytes, tu vas te retrouver à faire des private jokes sur les cuisines du monde, donc ça ne marchera pas ! Y’aura peut-être 15 personnes sur Paris à les écouter !
Retrouvez les podcasts Bouffons sur le site des Nouvelles Écoutes : http://www.nouvellesecoutes.fr/bouffons/
Mots-clés : podcast bouffons - radio émission cuisine - food responsable