Le concept rencontre un succès de plus en plus fort. Intemporels adeptes du non-gaspillage et du doggy bag à chacun de vos dîners au restaurant, le concept des restos « freegan » ou « déchétarien » bat son plein à Paris depuis quelque temps. L’idée : redonner une seconde vie aux invendus des marchés, en proposant des repas à bas coût aux convives venus tester le désormais très connu restaurant « Freegan Pony ». Malgré les menaces de fermeture qui ont pesé et qui pèsent encore sur l’établissement, le concept a su s’imposer et se renouveler, encore et encore dans divers endroits de la capitale.
Free Rubens / CC BY 3.0
C’est un endroit plutôt incongru pour un restaurant, mais pourtant, c’est bel et bien Place Auguste Baron, sous le périphérique parisien que se trouve le Freegan Pony, restaurant freegan et végétarien. C’est dans ce local municipal anciennement abandonné que se trouve l’un des premiers établissements du genre de la capitale. Des squatteurs y concoctent ponctuellement menus et petits plats élaborés avec les invendus du marché de Rungis, situé non loin de là. Niveau tarifs : tout le monde y trouve son compte. Les convives payent ce qu’ils veulent au moment de régler l’addition.
Cependant, la mairie a engagé des poursuites à l’encontre des occupants, qui risquent l’expulsion. Pour l’heure, ils sont toujours dans l’attente de la décision du tribunal, qui sera annoncée le 14 avril prochain. « Il est hors de question qu’on aille ailleurs », martèle Aladdin au sujet d’une éventuelle offre de relocalisation de la mairie. Ce n’est pas la première fois que le jeune homme est menacé d’expulsion par les services municipaux. En avril 2014, le Freegan Pony avait dû fermer à la suite d’une décision de justice de quitter le 64 rue de Saintonge. En mars 2015, même son de cloche, le Freegan Pony doit déserter la Galerie 28BIS.
Dans les locaux actuels du Freegan Pony, une pièce de 1000 m2, une dizaine de bénévoles, tous adhérents du mouvement « Freegan Pony » s’activent pour mettre des recettes toutes plus variées les unes que les autres sur pieds. Sur le feu, l’on retrouvera entre autres un « velouté céleri pommes noisettes », un « gratin pommes de terre et légumes », ou une « compote de pommes et chocolat ».
Cela dit, il faut savoir composer avec les moyens du bord et surtout au grand surtout faire preuve de beaucoup d’imagination et d’inventivité. Ici, pas de menu élaboré plusieurs jours à l’avance : les repas dépendent des aliments récupérés sur le tas le vendredi principalement, auprès des grossistes du marché de Rungis. Pour s’y retrouver — on parle de dizaines de kilos d’aliments qu’il faut réussir à écouler —, les bénévoles inscrivent leurs stocks sur un tableau noir. Impossible de s’emmêler les pinceaux.
« C’est à chaque fois un petit défi de se dire qu’à partir de produits invendus, on va réussir à faire plaisir à 80 personnes », explique Floriane, la chef du jour à l’AFP.
Un projet mûrement réfléchi mais pourtant en danger
Aladdin Charni, à l’initiative de ce projet, explique vouloir « toucher des personnes qui ne connaissent rien au gâchis alimentaire ». « Freegan » — la contraction de « free » (gratuit) et de vegan, la non-consommation de produits issus des animaux ou de leur exploitation. Celui qui dit se nourrir dans les poubelles depuis sept ans a mis son projet sur pieds en misant sur « la foi et un brin de folie ». Peu à peu, des chefs se rallient à sa cause.
Avant l’ouverture du restaurant de fortune, Aladdin « il y avait des mètres cubes de détritus, un centimètre de poussière… ». Il lui faudra 6 mois pour aménager les lieux, aidé d’amis et de connaissances. Pour autant, les locaux quelque peu vétustes ne repoussent pas la clientèle, bien au contraire. Ici, c’est comme à la maison : chacun va chercher ses plats au comptoir. D’ailleurs, ceux qui fréquentent le plus les lieux sont pour la plupart des jeunes branchés.
Le « Freegan Pony » d’Aladdin doit son nom à un ancien de ses squats du sud de Paris, le « Poney Club », ancienne boucherie chevaline désaffectée où il organisait des « teufs ». Il y a ensuite eu le très évocateur « Pipi Caca », toilettes publiques abandonnées près d’un métro des Grands Boulevards qu’il a transformées en lieu de fête la nuit, d’exposition le jour.
Selon les derniers rapports de l’ONU, près d’un tiers de la nourriture produite dans le monde pour les humains est perdue ou jetée, soit approximativement 1,3 milliard de tonnes par an, même si les projets visant à la récupérer se multiplient dans les pays développés.
(via RTL Info)
Mots-clés : restaurant déchétarien freegan - freegan pony - gaspillage