Normalement en février, nous avons fini de nous souhaiter la bonne année. Heureusement, comme il est toujours le moment de fêter quelque chose dans le monde, on peut recommencer et le faire avec le Nouvel An lunaire ! Faisons un tour en Asie, et comme on dit en Chine : 新年好 !
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Le Nouvel An lunaire. Pendant des années, nous l’avons appelé à tort Nouvel An chinois. Bien évidemment les Chinois sont les premiers concernés par rapport au nombre et à la diaspora chinoise dans le monde, mais il ne faut pas oublier que plusieurs pays asiatiques comme le Vietnam le fête également, tout comme la Birmanie, le Népal, le Laos, le Cambodge, mais un peu plus tard que pendant cette période.
Les différents pays célébrent l'événement chacun à leur manière, de façon plus ou moins importante. Chaque année, le Nouvel An lunaire se situe entre le 21 janvier et le 19 février. En Chine, cela va durer une quinzaine de jours en commençant par la Fête du printemps, pour se terminer par la Fête des lanternes.
Pour nous aider sur la voie de la sagesse culinaire, nous sommes allés poser quelques questions à notre amie, journaliste et cheffe Yin-Line Chea. Régulièrement, elle propose de jolies recettes sur France 3 dans l’émission Les Témoins d’outre-mer à 8h55. Et elle a plusieurs fois écrit pour 7 de table. Yin-Line connaît bien la culture chinoise, mais aussi la culture vietnamienne de par ses parents.
En Chine, régions différentes obligent, de l’est à l’ouest, du sud au nord, on ne va pas manger les mêmes choses durant ce Nouvel An. C’est un peu comme en France - Noël en Provence et Noël à Lille -, on n’est pas totalement sur les mêmes spécialités culinaires. En revanche, contrairement à notre culture occidentale, le choix des plats a une signification : « Les Chinois sont des personnes très superstitieuses. Elles aiment ça, cela égaye un peu leur vie, cela les fait rire surtout. Ils adorent les jeux de mots. En Chine, on a des mots qui sont monosyllabiques. Ils vont se prononcer d’une certaine manière et l’on va avoir des homonymes. Ses homonymes vont entrer dans la superstition avec des jeux de mots. Par exemple, pour le mot orange, on va dire chéng (橙) ; ce mot à un homonyme qui se prononce également chéng mais pas avec le même ton. Et à ce moment-là, il va signifier succès » explique Yin-Line.
Maintenant que l’on comprend que la symbolique va prendre une place importante dans les plats du menu, voyons ce que l’on peut rencontrer sur une table chinoise : « Il y a de grands classiques ! Par exemple, on parle beaucoup des nouilles. Ici, il n’y a pas de jeux de mots. C’est plutôt la forme qui compte. Elles sont très très longues et l’on va les manger sans les couper, parce qu’elles vont symboliser la longévité ! Il y a également le poisson . c’est très traditionnel. On va manger du bar cuit à la vapeur douce, avec un peu de gingembre, de ciboule et de sauce soja. Ça donne un poisson qui est très fondant, et l’on va le servir entier. Cela symbolise, de la tête à la queue, que vous aurez une année abondante du début jusqu’à la fin ! », continue Yin-Line.
Pour terminer, parlons un peu de sucré. Il est vrai qu’en Chine on ne mange pas particulièrement un gros gâteau, une tarte ou ce genre de chose à la fin du repas, cependant pour ce Nouvel An, il y a une spécialité incontournable et ici aussi… symbolique, comme nous l’explique à nouveau Yin-Line : « Au moment du Nouvel An, c’est important de manger des choses sucrées. Des douceurs qui vont justement symboliser… la douceur de vivre ! Ce ne sont pas des bonbons à base de sucre, mais, plutôt des fruits confits, des petites noix caramélisées. Il y a aussi quelques desserts, entre autres, un très connu : les Tang yuan. Ce sont des petites billes faites à partir de farine de riz gluants, avec une texture de mochi. Au milieu, on va les fourrer avec du beurre de cacahouète, ou une pâte de sésame. Elles baignent dans un sirop de sucre de canne léger, et comme elles sont plusieurs et toutes petites, comme un grain de raisin, elles symbolisent la réunion, la famille et le vivre ensemble. »
Au Vietnam, on fête le Têt, au même moment qu’en Chine en raison d’une approche similaire du calendrier lunaire. On ne va pas manger la même chose : la langue est différente, les jeux de mots et la symbolique n’y sont pas prédominants. Dans les plats très traditionnels, on peut voir des roulés faits à base de riz gluant et cuit dans une feuille de bananier ou de lotus. On va y inclure une farce de graines de soja jaunes au porc et aux shiitakes, et cuire le tout à la vapeur : « En plus de la tradition culinaire, c’est une technique qui n’est pas facile à mettre en place », nous affirme Yin-Line.
Maintenant que l’on en sait un peu plus, si l’on ne veut pas forcément se lancer en cuisine, il ne faut pas hésiter à passer dans les différents restaurants chinois et vietnamien qui proposent de la vente à emporter pour être de la fête.
Bon Nouvel An lunaire !
Mots-clés : nouvel an chinois - symbolique - nouvel an lunaire