Alors que la France est le plus gros producteur de lait en Europe, la fronde des éleveurs des Pays de la Loire, de Bretagne et de Normandie s'intensifie. En effet, un fort rassemblement a eu lieu hier soir à Laval, devant le siège de l'entreprise Lactalis et a duré une bonne partie de la nuit. Retour sur cette goutte de lait qui a fait déborder le vase.
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Les éleveurs, en grande difficulté, souhaitent une revalorisation des prix du lait et visent Lactalis pour que — si le géant revient sur ses positions — les autres industriels bougent à leur tour. Le gouvernement, lui, a appelé au calme et à la négociation entre les deux parties. L’État se propose même en tant que médiateur si le besoin s’en ressentait.
Le groupe Lactalis en quelques chiffres — Les éleveurs estiment que le fait que les médias aient les yeux rivés sur le groupe Lactalis est déjà une petite victoire. En effet, le numéro un mondial des produits laitiers, qui produit Lactel ou encore président, est très discret et fait extrêmement attention à son image, qui se doit d’être rayonnante, et ce, à l’échelle mondiale. Depuis 1933, le groupe est monté en puissance et est aujourd’hui le plus gros industriel de produits laitiers au monde, avec 229 sites de production répartis dans 43 pays. Le groupe au chiffre d’affaires de 17 milliards d’euros compte pas moins de 75 000 collaborateurs à travers le monde.
La réponse du géant — Le groupe Lactalis estime, comme on pouvait s’y attendre, qu’il n’a rien à se reprocher et qu’il négociera directement les prix uniquement avec les producteurs, et non pas avec les syndicats. En effet, l’industriel juge qu’il y a une incohérence du côté des syndicats qui veulent négocier, mais manifester en même temps, tout en refusant la réalité du marché et en s’attaquant seulement à son entreprise.
Une situation critique pour les producteurs — Lactalis est vu comme un très mauvais payeur par les producteurs qui se voient proposer 257 euros pour 1 000 litres, c’est-à-dire une proposition de 10 à 30 euros plus faible que ses concurrents. Le prix du lait a grandement chuté depuis quelques années. En effet, en deux ans, le prix de la tonne s’est effondré, passant de 365 euros en 2014 à, donc, 257 euros aujourd’hui. Une situation difficilement supportable pour les éleveurs, abattus moralement, qui doivent faire face à des coûts de production qui s’élèvent aujourd’hui à 350 euros en France. Ils travaillent à perte et certains ne voient pas d’autres solutions que d’arrêter leur exploitation.
on vend à perte, produire nous coûte plus cher que notre prix de vente final, on court au drame! un producteur de lait - manifestant
Jusqu’à quand va durer ce contexte tendu où les industriels enregistrent des bénéfices toujours plus importants tandis que les petits exploitants s’éteignent à petit feu. La marge des producteurs diminue, celle des industriels augmente. C’est pourquoi, afin d’aider les éleveurs à tenir le coup et ne pas abandonner, l’Europe a proposé, le mois dernier, de consacrer 500 millions d’euros aux agriculteurs afin qu’ils réduisent leurs volumes. Des précisions sont attendues jeudi 25 août, alors qu’un conseil des ministres aura lieu. Pas sûr que cela suffise à redynamiser le secteur...
Source Lactalis & Le Monde
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