Plat du jour - Société

Journée mondiale des abeilles : à la découverte des miels de Madagascar

Ecrit par Fred Ricou le 20.05.2019

Aujourd’hui, c’était la journée mondiale des abeilles ! Qui dit abeille dit miel et forcément nous avons trouvé une fantastique série de miels qui vient tout droit de Madagascar ! Derrière ces abeilles, un beau projet solidaire… 

 

 

Thibaut Lugagne Delpon est originaire de Clermont-Ferrand. Fils d’expat’, il a « toujours eu ce goût des voyages et de l’aventure… ». Aventure d’un autre genre, il fait une école de commerce qui l’amène par la suite à Singapour en pensant « faire de l’argent » mais il s’avoue rapidement que le pays n’est pas fait pour lui et que la société dans laquelle il travaillait ne fonctionne pas comme il l’aurait souhaité. Retour en France, Thibaut, par l’intermédiaire d’un Volontariat international en entreprise (V.I.E,) se retrouve par hasard à Madagascar et là, en tombe totalement amoureux : « Au bout de 15 jours, les gens me disaient “mais toi, tu vas y passer ta vie !" ».

Sur place, il travaille pour un grand groupe français de supermarché et ce pendant 4 ans dont deux en communication-marketing et deux autres à ouvrir une enseigne de magasins de proximités destinés à la classe populaire malgache. C’est comme cela qu’il découvre l’entrepreneuriat social (manière d’utiliser l’entreprise pour faire du développement social) qui va lui servir un peu plus tard. 

Thibaut rentre en France, il désire quand même et plus que tout garder ce lien avec Madagascar et décide alors de monter sa boite. Il y a énormément de choses à faire sur place et, comme un fait exprès, Thibaut a rencontré, quelques mois auparavant, un producteur de miel sur place. Le producteur lui a fait découvrir des miels de Mangrove, des miels de Litchi (qui ont légèrement le goût des fruits…), de Niaouli, et d’autres…. mais celui-ci les vend à de gros industriels qui s’empressent de les mélanger à d’autres miels. Bref, ce n’est pas réellement son miel que les consommateurs mange tous les jours. Le lien est fait.

Madagascar fait une fois et demi la France, mais l’île est très pauvre et par conséquent il y a peu d’agriculture intensive et la nature y est très peu polluée. Les miels sont donc bio… d’office ! Thibaut et ses trois associés, Olivier, Gaël et Haingo (le local de l’étape…),  choisissent alors de monter un modèle social pour former les paysans malgaches, dans des zones très reculées, à l’entrepreneuriat. Ils vont ainsi faire de l’apiculture contractuelle avec des apiculteurs sélectionnés en les formant, en les accompagnant, en leur pré-finançant les ruches. Ainsi, ils vont pouvoir les aider à, rapidement, contrôler jusqu’à 400 ruches dans les 5-7 ans à venir. « Un apiculteur malgache qui a 20 ruches peut vivre avec 2 dollars par jour et sort du seuil de pauvreté, quand il en a 50, il rentre dans la classe-moyenne et peut ainsi envoyer ses enfants à l’école…. ». 

Chose intelligente de cette jeune société, elle transmet aux apiculteurs un savoir-faire avec des notions de gestion, c’est-à-dire que si la Compagnie du Miel venait à disparaître, les apiculteurs pourraient continuer à exploiter leurs ruches et à vendre leur miel, tout seul. Les apiculteurs ont cinq ans pour rembourser la société, un peu à la manière d’un micro-crédit, et s'ils respectent un cahier des charges bien précis, la Compagnie du Miel leur achète leur production à un prix supérieur à celui du marché « mais pas non plus déconnant. On apporte beaucoup d’assistance humaine, il n’y a pas que l’argent…», par la suite, elle le met en pot à la miellerie de Tananarive et celui-ci est vendu en France et en Suisse. 

Gaël et Haingo sont sur le terrain tous les jours pour repérer les futurs producteurs qui pourraient travailler avec La Compagnie du Miel et coachent les apiculteurs au quotidien. Ils savent ainsi de cette manière qui fait quoi et quand, la traçabilité est ainsi très importante. On pourrait acheter deux miels de même plantes mais la couleur et le goût ne seront pas totalement les mêmes. 

En dehors de tout ce travail en amont, le but est clairement de vendre ce miel d’exception à des chefs et des Palaces « C’est un véritable grand écart entre le paysan malgache bien rémunéré et le chef étoilé… On va dans les deux extrêmes, du très pauvre au très haut de gamme… » C’est une manière d’avoir un cercle vertueux entre des personnes qui ont les moyens et qui peuvent ainsi investir dans un modèle social. C’est du luxe… éthique ! 

Ces miels sont incomparables, du moins en Europe. Qui connaît bien en France les miels de Mokarana ? De Palissandre ? De Jujube ou encore d’Eucalyptus dont les saveurs de caramel beurre-salé sont réellement étonnantes ? Les miels exotiques sont très compliqués à travailler, l’humidité y est plus élevée et souvent, si l’extraction est mal faite et/ou si les pots sont mal fermés ceux-ci peuvent pourrir très facilement. De plus, l'Union européenne donne rarement son aval pour l’exportation de miel exotiques, et même en épicerie fine les miels africains sont inexistant… 

Dans le nord-ouest de l’île, du côté de Ambanja, la Compagnie du Miel va se lancer dans le miel de Mangrove, un miel extraordinaire qui a déjà conquit le palais de plusieurs chefs. Pour cela, la société démarre aujourd’hui un crowdfunding afin de continuer à se développer. Pour financer 80 apiculteurs, c’est donc à un nouveau public séduit par le projet que Thibaut est ses associés demande de participer pendant un mois. 

Durant quelques jours, également, il est possible de découvrir et d’acheter quelques pots de la Compagnie du Miel pendant l’ouverture de la boutique éphémère à Paris de la société Monsieur Appert au 143 rue Oberkampf dans le 11e arrondissement de Paris du samedi 25 au mardi 28. En attendant, le site internet de la Compagnie propose une grande partie de sa gamme. 

Prêt à s’envoler comme une abeille vers Madagascar ?
 

 

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