Pour la première année, Objectif Top Chef s’est offert le pari de s’ouvrir aux amateurs et c’est justement un amateur, Gratien Leroy, qui l’a emporté ! Originaire de Nouzonville dans les Ardennes, ce comptable de 29 ans sera bien dans l’équipe de Philippe Etchebest dans quelques semaines pour affronter de jeunes chefs de France et de Navarre sur M6.
(© Marie Etchegoyen / M6)
Comment avez-vous vécu cette expérience d’émission ?
C’était une super expérience ! Moi qui ne suis pas du métier, c’était incroyable de vivre la pression d’un concours, l’approche de grands chefs sur ma cuisine, etc. C’est aussi une vraie aventure humaine : on a créé des liens avec des candidats sur le tournage.
Et d’un point de vue tournage, avec les caméras, comment on gère ça ?
C’est vrai que les caméras, ça peut surprendre. Mais l’on se met vite dans le bain avec les journalistes qui nous pose des questions, et ça devient amusant. J’ai vite pris le pli et j’ai vraiment apprécié ce côté « télé ». On voit que je suis très naturel, j’ai souvent tendance à dire des gros mots… Mais rapidement, on se dit que c’est un concours donc on se concentre plus sur la cuisine que sur la caméra.
Qu’est-ce qui est le plus compliqué ? Se frotter à de jeunes cuisiniers en formation ou à Philippe Etchebest ?
Moi, j’ai abordé le concours en me disant « occulte les concurrents », le but était que ma cuisine soit appréciée par le chef. C’était vraiment son jugement et celui des autres chefs qui était important. Je ne faisais pas vraiment attention à ce que faisaient mes adversaires, j’étais plus concentré sur mes plats.
Alors que vous êtes un amateur, quand est-ce que vous vous êtes dit « Tiens, je vais m’inscrire à un concours de cuisine ! » qui, de plus, est filmé ?
J’ai toujours été fan de Top Chef et d’Objectif Top Chef. J’ai regardé toutes les saisons. En tant que passionné, je me disais que j’aimerais bien être à leur place. Un jour, je me suis dit « Pourquoi pas ? ». Il y a trois ans, un copain m’avait poussé à m’inscrire. Ils ne prenaient pas d’amateur à l’époque et cette année, ils sont revenu vers moi.
Comment est-ce que vous vous y êtes préparé ?
Je cuisine très souvent et chaque fois que je le fais, j’essaye de faire des choses un peu léchées, un peu techniques pour progresser et aller plus loin dans ma recherche. Après, il y a beaucoup de feeling. Il y a eu beaucoup de produits que je cuisinais pour la première fois, notamment l’aïoli et la fleur de courgette, des plats du sud. Moi qui suis du Nord-est, nous n’avons pas l’habitude de les travailler. Mais c’est très enrichissant, cela oblige à sortir de sa zone de confort.
Beaucoup de personnes sur les réseaux sociaux se sont étonnés que pour la première année où Objectif Top Chef fait intervenir des amateurs, ce soit justement un amateur qui l’emporte. Qu’en pensez-vous ?
J’ai vu passer cela, oui. Après, on ne peut pas plaire à l’ensemble du public. J’ai fait goûter mes assiettes à un public plus qu’expérimenté. Pour preuve, en final, nous avions plus de 10 étoiles face à nous. J’ai conçu mes plats avec passion, parfois avec moins de technique et parfois, aussi, mes assiettes étaient moins jolies, mais mes goûts étaient juste. Le chef ne se moque pas de nous et son avis est sincère, je ne crois pas que ce soit « Il faut faire gagner un amateur… »
Par rapport à un apprenti qui est formé en école, est-ce que vous pensez que c’est justement votre côté plus spontané qui vous a aidé à gagner ?
C’est ça. Quand on suit une formation, on a des codes, des règles. Moi, je ne les ai pas. Je n’ai ni formatage scolaire, ni technique, c’est du freestyle ! C’est ce que j’aime, ce qui me passe par la tête à ce moment-là. Je laisse libre court à ce que j’ai déjà vu, ce que j’aime sur l’instant. Après, j’ai décuplé mes efforts pour sortir des choses digne de niveaux d’apprentis, et j’ai souvent été jugé positivement à l’aveugle.
Est-ce que comme beaucoup de jeunes cuisiniers qui vont prendre des livres de chefs pour reproduire les recettes, vous avez travaillé de cette manière-là ?
Je suis entièrement autodidacte. J’ai une bibliothèque remplie de livres. Je lis beaucoup, je me documente énormément et j’essaye beaucoup de choses chez moi. C’est comme cela que j’apprends. J’ai acheté beaucoup de matériel, j’ai une cuisine domestique un peu plus fournie que celle des autres. C’est comme cela que j’ai appris, avec les livres ! Mais aussi avec Top Chef et ma curiosité qui m’oblige à me poser des questions…
Et l’apprentissage du goût ?
À force de manger dans des restaurants, de voir un peu ce qui se fait, et de goûter aussi ! Quand je vois quelque chose que je ne connais pas, je vais aller directement vers lui pour le goûter. Quand tout le monde parlait du Yuzu, je suis allé en acheter ! Dans les restaurants, je ne prends pas forcément ce que j’aime, mais plutôt ce que je ne connais pas. C’est toujours un moment de découverte.
Comment l’avez-vous vécu en tant que spectateur ces quelques mois de diffusion ?
J’ai dû duper tout le monde pour garder le secret. C’était compliqué, mais garder le secret pour voir cette surprise sur le visage des gens, c’était incroyable de vivre ça avec tous mes proches et voir l’engouement général sur les réseaux… j’ai pris le temps de répondre à beaucoup de monde.
On imagine que vous n’avez pas le droit de parler de Top Chef dans le détail, mais en quelques mots, est-ce que c’est possible ? Qu’est-ce que vous pouvez nous dire ?
Je suis arrivé en étant préparé. Je savais que le niveau allait être bien au-dessus. J’ai fait une promesse au chef en lui disant que je ne serais pas ridicule et qu’il avait placé ses espoirs en moi, que je n’allais pas le décevoir… J’ai fait un très gros entraînement entre les deux tournages, et je suis arrivé plus compétitif que jamais, plus comme un survivant que comme un conquérant… Tous les ans, à Top Chef, on sait que c’est l’élite qui est sélectionnée, le niveau monte d’année en année. Je me suis entraîné, je me suis fait conseiller par de grands chefs de ma région, avec des astuces qui m’ont servies et qui ont fait que je suis arrivé prêt !
Le Tournage d’Objectif Top Chef est passé, le tournage de Top Chef également. Aujourd’hui que faites-vous ?
Je suis encore comptable. Mon changement de vie est dans les tuyaux, je suis en train de négocier avec mon employeur, mon futur. On regarde comment je peux partir, je ne veux pas quitter mon travail comme ça, j’ai une conscience professionnelle. Après, je vais m’orienter vers la cuisine et essayer de trouver des stages dans de grandes maisons pour progresser et apprendre, m’ouvrir, voyager beaucoup… Je ressens le besoin personnel de me former et de combler mes lacunes.
Mots-clés : Gratien Leroy - Top Chef - Amateur cuisine