Pousse-café - Roman

Une bibliothèque dans la cuisine : Voyages, questions et exercices de style

Ecrit par Fred Ricou le 11.10.2019

On mange, on lit, on mange, on lit. On essaye de ne pas faire les deux en même temps et pour ce premier rendez-vous lecture gourmande de la rentrée, nous avons une très chouette sélection de livre qui nous donne envie de nous attabler… Une sorte de mouvement perpétuel à la portée de l’Homme. 

 

 

Pour les personnes qui quittent leur pays pour s’installer dans un autre, pour démarrer une autre vie faite d’attente et d’angoisse de toutes sortes, la cuisine est une façon rassurante de « repartir » un peu chez soi. Un tajine de poulet et nous voilà au Maroc, du Dulce de leche et les souvenirs de l’Uruguay remontent, avec quelques rouleaux de printemps, le Vietnam est à deux pas, quelques Bobó de Camaráo (crevette sauce mangue et manioc) et les goûts du Brésil en bouche font danser les souvenirs comme à Rio. Dans La Cuisine de l’exil, Stéphanie Schwartzbrod, comédienne, mais également autrice de différents livres de cuisine, présente vingt-quatre témoignages de femmes et d’hommes, tous déracinés, qui sont arrivés en France entre les années 20 et aujourd’hui… Avec un style écrit très proche de l’oralité des personnes rencontrées, Stéphanie Schwartzbrod retranscrit ces parcours de vie comme des confidences que le lecteur pourrait directement entendre. Bien évidemment, on y parle cuisine du pays et son lien qui unit encore les différents protagonistes. À la fin de chaque témoignage, cinq recettes locales viennent joliment terminer ces rencontres. 

 

Stéphanie Schwartzbrod - La cuisine de l’exil - Actes Sud - 9782330118655 - 23€

 

 

Un livre de cuisine écrit sensiblement à la façon des Exercices de styles de Raymond Queneau, c’est le joli pari que nous propose Élodie Alice Rousseau aux éditions Cambourakis. Une lotte à la crème racontée à la manière d’une mémère à son chienchien; une recette de seiche grillée comme griffonnée rapidement sur un papier avec un appel passé à la maman toujours pleine de bons conseils culinaires ; les cornichons au vinaigre comme un script de cinéma… Trente-neuf recettes amusantes, joyeuses, tristes, chantantes ou poétiques qui mettent un peu de culture dans les recettes de cuisine qui sont souvent trop mécaniques. Un joli petit livre étonnant, vert pomme, tout mignon que l’on va lire comme on déguste un bonbon. On en pioche un, on en pioche un autre, on finit le paquet… 

 

Élodie Alice Rousseau - Dans ce goût-là; 39 recettes de cuisine littéraires - Cambourakis - 9782366244526 - 14€
 

 

Il n’y a pas que les enfants qui demandent tout le temps : « Pourquoi-ci ? Pourquoi ça ? », les adultes, également, sont curieux et contrairement à ce que l’on a longtemps asséné, la curiosité est loin d’être un « vilain défaut »... surtout en cuisine ! Arthur Le Caisne, a qui nous devons l’excellent « Manuel du garçon boucher » paru en octobre 2017, offre avec « Pourquoi les spaghettis Bolognese n’existent pas ? » un joyeux livre de questions-réponses dont certaines vont en surprendre plus d’un. De « pourquoi certains fromages sentent-ils si fort ? » à « Pourquoi certaines saucisses éclatent-elles à la cuisson ? » à la simple « Pourquoi les carottes sont-elles oranges ? », l’auteur nous emmène avec humour dans des réponses pleines de bons sens... scientifique ! Et certaines vont effrayer les plus croyants dans leurs vérités profondes : Oui, on peut ajouter de l’huile d’olive dans l’eau des pâtes, mais pas pour les raisons que l’on croit et oui, quand on coupe un oignon, dans un sens ou dans un autre, il n’a pas tout à fait le même goût ! 

C’est le livre parfait pour les longs dimanches d’hiver. Où que l’on pioche dans le l’ouvrage, on y apprend quelque chose de manière ultra-ludique. Passionnant ! 

 

Arthur Le Caisne - Pourquoi les spaghetti bolognese n’existent pas ? - Marabout - 9782501136556 - 19€90

 

 

Alexandre Stern est « créateur de miels » depuis quelques années. Mais il est aussi sorti d’H.E.C, multi-entrepreneur, et « sparring partner » pour différentes entreprises dans lesquelles, il fait du consulting. Bref, ses métiers lui permettent d’énormément voyager et de se retrouver à goûter toute sorte de mets plus ou moins improbable. Dans son premier livre « L’explorateur du goût », Alexandre Stern reprend un peu l’idée des « qu’il faut avoir vu, entendu, goûté… » (rayé la mention inutile), un classement par pays de différents mets à absolument goûter avant de mourir… Ainsi, on commence doucement par la France, avec mirabelles de Lorrains ou encore les morilles, on passe par la suite en Italie où d’après l’auteur il faut goûter absolument aux Câpres de Pantarella, en Espagne, il ne faut pas non plus louper la délicieuse Sobrasada, et l’on part après plus loin en Afrique du Sud pour découvrir le Biltong ou encore la viande de chameau, le Gulab Jamun en Inde est un dessert qu’il faut absolument demander, et si l’on a un peu trop mangé, on finira avec un verre de Ranavola, une boisson, toujours indienne, que l’on prépare avec les résidu de riz après cuisson… Petit détail amusant de ce chouette livre, pour noter les choses qu’à titre personnel nous avons « déjà goûté », une petite case à cocher à été prévue… Tous les plats, toutes les saveurs n’y sont pas, bien évidemment, mais l’on imagine que déjà le choix des mets sur plus 600 pages a demandé un énorme travail de tri. C’est véritablement un beau petit livre à garder pour faire du gastro-tourisme ludique. 

 

Alexandre Stern - L’explorateur du goût, Tout ce qu’il faut avoir goûté une fois dans sa vie - Ducasse Éditions - 9782379450358 - 28€

 

 

Avec plus de 450 000 entrées au box-office français au bout de deux semaines d’exploitation, le film adapté de la série Downton Abbey tire très correctement son épingle du jeu. Il faut dire que ce nouvel « épisode » de deux heures vient de jolie manière tirer sa révérence pour clore une série suivie par des millions de fans dans le monde entier. L’histoire la famille Crowley et de leur personnel a su capter les inconditionnels de l’Angleterre des années 1910-1920, mais s’est ouverte à un public encore plus nombreux de part la pertinence du scénario et des savoureux dialogue. Et quand on parle de saveurs, justement, un livre de cuisine vient de paraître. Le livre des recettes des plats, mets et autres gourmandises que l’on peut trouver dans la série. Ainsi, celui-ci pourrait être le livre de Madame Patmore, la cuisinière en cheffe de la maison. Œuf à la Saint-James, Cornish Pasties, mais aussi Soupe de concombre, Curry de crevette, Scones, plus d’une centaine de recettes pour se rapprocher des goûts de l’époque. Plus qu’un livre réservé aux fans, celui est ponctué d’anecdotes historiques, de dialogues et de référence à la cuisine d’époque. Comme la série anglaise, le livre est partagé en deux, d’un côté une cuisine bourgeoise, de l’autre une cuisine plus populaire, mais non dénuée de goût. On vous ressert une petite tasse d’Earl Grey ? 

 

Annie Gray - Downton Abbey, le livre de cuisine - Marabout - 9782501144971 - 35€

 

 

Depuis le 9 octobre et ce, jusqu’au 27 janvier 2020, au Grand Palais à Paris, est exposé plus de 200 œuvres de Henri de Toulouse Lautrec. Célèbre peintre reconnu dans le monde entier, il est un peu l’âme du Paris populaire et des nuits parisiennes de la fin du 19e siècle. Ce que l’on sait un peu moins du grand petit peintre (il ne mesurait que 1,42 mètres.), c’est son amour pour la vie et ses plaisirs gustatifs. Il mourra d’ailleurs à 37 ans, des suites de son alcoolisme et de la syphilis. Épicurien, bon vivant, quand il n’était pas derrière un verre ou ses pinceaux, Toulouse-Lautrec aimait à cuisiner pour ses amis. Grâce à l’un de ses meilleurs amis, Maurice Joyant, Les carnets de cuisine de Toulouse Lautrec sont devenus extrêmement célèbres (livre paru le 29 mai 2019 aux éditions du Chêne). Maurice Joyant, lui-même à fait paraître un livre resté dans les annales de la gastronomie « la cuisine de monsieur momo » qui regroupe à la fois plusieurs recettes de Toulouse-Lautrec mais également les siennes. Un livre parfois un peu foutraque, dont les proportions dans les recettes sont assez approximatives, mais c’est ce qui en fait aussi son charme. Les éditions Menu Fretin ressortent à l’occasion la cuisine de monsieur momo (déjà paru en 2011) et ont proposé au chef triplement étoilé Antoine Westermann de retravailler certaines recettes pour les mettre au goût du jour. Un livre à ranger juste à côté des livres de peinture de Toulouse-Lautrec pour en comprendre l’époque. 

 

Maurice Joyant - la cuisine de monsieur momo - Menu Fretin - 9782917008331 - 15,90€

 

Mots-clés : livre cuisine - documentaire culinaire - Downton Abbey

 

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