Pousse-café - Roman

Le grand dictionnaire de cuisine d'Alexandre Dumas : A...comme... Asperge

Ecrit par Fred Ricou le 02.04.2020

Nous profitons de cette période de confinement pour relire les classiques. En 1869, Alexandre Dumas, malade, se réfugie en Bretagne et écrit son désormais célèbre Grand dictionnaire de cuisine. Devenu ultra-populaire grâce à l'émission des années 90 "La cuisine des mousquetaires" avec l'inénarrable Maïté, nous avons décidé de reproduire quelques articles en rapport avec les produits de saison. Il ne faut pas y voir une encyclopédie mais plus l'oeuvre gourmande d'un immense auteur. Nous ne pouvions commencer que par A comme... Asperge.

 



A comme... Asperge 

 

Il est inutile de décrire cette plante que tout le monde connaît. Il y a la blanche, la violette et la verte. La blanche est la plus hâtive, sa saveur douce est agréable, mais elle contient peu de substance ; celles de Marchiennes, de la Belgique et de la Hollande ont eu beaucoup de renommée. La violette est la plus grosse et la plus substantielle, c'est l'asperge par excellence d'Ulm et de Pologne. La verte est moins grosse, mais on la mange presque toute ; elle a une bonne saveur. En Italie, où les goûts sont plus étranges que raffinés, on préfère l'asperge sauvage. Les animaux carnivores, les chats, les chiens aiment beaucoup ce légume. La meilleure manière aujourd'hui de préparer les asperges, c'est de les faire cuire à la vapeur. Il y avait un proverbe à Rome relatif aux asperges ; quand on voulait que quelque chose se fît vite : « Faites- la, disait-on, en moins de temps qu'il n'en faudrait pour faire cuire des asperges. » Les blanches sont celles qui appartiennent plus particulièrement à la France.  

Après les avoir lavées, ratissées et coupées de même longueur, liez-les par bottillons, faites-les cuire croquantes dans l'eau et le sel, et servez-les toutes chaudes sur une serviette pliée qui égoutte leur eau.  

On mange l'asperge au beurre ou à l'huile. Nous allons raconter à ce propos une anecdote sur Fontenelle.  

Fontenelle aimait beaucoup les asperges, surtout accommodées à l'huile ; l'abbé Terrasson, qui au contraire aimait les manger au beurre, étant venu un jour lui demander à dîner, Fontenelle lui dit qu'il lui faisait un grand sacrifice en lui cédant la moitié de son plat d'asperges, et ordonna qu'on mît cette moitié au beurre.  
Peu de temps avant de se mettre à table, l'abbé se trouva mal et tomba bientôt en apoplexie. Fontenelle alors se lève précipitamment, court vers la cuisine et crie :  « Tout à l'huile, maintenant ; tout à l'huile !... »

 

Mots-clés : asperge - Alexandre Dumas - définition

 

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