Aix-en-Provence a longtemps été, gastronomiquement parlant, la belle endormie de Provence. La ville du Sud-Est n’est pas la plus réputée pour ses restaurants. On y trouve des lieux pour les touristes qui viennent en grand nombre toute l’année, quelques restos sympas pour déjeuner le midi ou encore dîner le soir sans se poser trop de questions et deux-trois hauts lieux gastronomiques réservés à une certaine clientèle très bourgeoise. Au milieu de tout cela, pas grand-chose… Heureusement, les frères Mazzia ont créé Pointe Noire - Bar à Mets, un joli restaurant dont le maître mot est avant tout : Le produit.
Yannis Lisseri & Jean-Laurent Mazzia
Pointe Noire a ouvert au début de l’année 2017, le 8 février pour être exact. Dès novembre, les premiers plats n’étaient pas encore servis, que le site du journal La Provence l’accueillait d’un « Bonne nouvelle pour Aix ! ». Et l’on confirme, Pointe Noire est la bonne nouvelle gastronomique qu’Aix-en-Provence attendait.
Aux commandes de ce nouvel établissement, Jean-Laurent Mazzia, ancien chef, ancien directeur de la restauration d’un grand groupe hôtelier et frère d’Alexandre Mazzia, jeune chef plein de talent, auréolé d’une étoile au Michelin et de 4 Toques au Gault-et-Millau pour son restaurant AM, à Marseille.
Depuis 2014, il réfléchissait à travailler avec son frère sur un projet commun : « Je lui avais posé la question "Quel serait pour toi, la vision du bistrot de demain ?" On a discuté, on a pris le temps de réfléchir et en 2015, on s’est lancé ! » Les deux frères savaient sensiblement ce qu’ils voulaient faire. Jean-Laurent réfute totalement l’idée de faire partie des nouveaux restaurants qui réveillent la ville. Lui, la seule chose qu’il voit, c’est que « les clients sont contents, ça change un peu. Il n’y a pas forcément ce type de produits sur la place ».
Le nom Pointe Noire est directement lié à l’enfance des deux hommes, ils sont tous les deux nés au Congo et c’est de cette histoire commune et de cette même relation aux produits de qualité qu’ils vont mettre leur savoir en commun pour créer le lieu : « Avec la sensibilité d’Alexandre et sa vision de la cuisine - et pareil pour moi - on ne peut pas travailler des produits congelés ou autres… ». Cette attirance vers les bons produits va même jusque dans les boissons que l’on sert ici. Point de Coca-Cola, d’Orangina, mais des jus de fruits de petits producteurs, des bières artisanales, l’industriel n’y a pas sa place.
Si Jean-Laurent est l’image directe de Pointe Noire, les produits avec lesquels le restaurant travaille sont les mêmes que ce qu’Alexandre utilise pour son restaurant étoilé marseillais « On se regroupe pour les fournisseurs et c’est pareil pour les vins, même si la sélection est différente. Nous sommes fidèles à nos producteurs comme ils le sont avec nous depuis l’ouverture de AM ».
L’une des originalités de Pointe Noire est dans le sous-titre « Bar à mets », ici point d’entrée – plat – dessert, mais un choix de 1 à 5 « mets » salés et sucrés. « On voulait faire des formules avec cette identité "Tapas" et ensuite, c’est Alexandre qui a créé la carte […] On n’est pas sur le plat, on n’est pas sur les tapas, on voulait vraiment parler de mets… même s’il n’y a pas de bar à proprement dit, on voulait un lieu transversal, un lieu convivial… » C’est ici, donc, que l’on peut s’amuser avec ce que l’on nous sert, on peut soit garder son assiette comme dans un restaurant classique, soit le mettre au milieu de la table et ainsi profiter également de celui des différents convives avec lesquels on se retrouve attablés : « Hier soir, nous avions une table de 10 personnes, ils ont pris l’ensemble des tapas et même d’autres plats, ils ont tout mis au milieu de la table et ont mangé à l’espagnol, ils ont tout partagé, c’était très convivial ! » Cette notion de partage et de convivialité est de plus en plus présente dans les nouveaux restaurants, on peut l’observer depuis deux trois ans et encore récemment nous avons pu la voir, à Paris, chez Tous ou encore chez Odette.
En cuisine, le chef Yannis Lisseri a travaillé avec Alexandre Mazzia et propose donc à la carte un fantastique foie gras poêlé, riz noir « vénéré », jus excité et châtaigne à la fois onctueux et surprenant ; des encornets… comme une carbonara qui pourrait faire penser à la version de Jean-François Piège, mais est radicalement différente ; ainsi qu’une fondante et délicieuse poitrine de veau accompagné d’un risotto de fregola sarda à tomber. Les desserts sont également à la hauteur du reste, simple et toujours très bien fait.
On ne vient pas à Pointe Noire uniquement pour la nouveauté, on vient surtout pour faire un excellent repas. Dans quelques jours, le restaurant ajoutera 18 couverts en terrasse, un véritable plus qu’il ne faudra donc pas rater, parce qu’Aix-en-Provence sans ses terrasses de restaurant n’est pas vraiment Aix…
Formule « mets » de 19€ à 59€, en fonction du nombre choisi.
Pointe Noire
37 Place des Tanneurs
13100 Aix-en-Provence
Mots-clés : restaurant aix-en-provence - étoile produit - cuisine marseille