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Le Coq de Bougival, renaissance d'un lieu mythique

Ecrit par Fred Ricou le 14.09.2021

C’est une adresse mythique qui renaît. À l’instar d’un phoenix, l’emplumé n’est pas légendaire, il est juste le symbole de la France et c’est déjà beaucoup. Le célèbre Coq Hardy est devenu Le Coq de Bougival. Direction les Yvelines, pour un voyage gourmand… la tête dans le rétro. 

 


Photos @alexisjacquin @lestudioalma

 

La façade fait penser à un vieux film des années 60-70. L’adresse date d’ailleurs d’un peu moins d’un siècle auparavant, et quand on prend la D113 en direction de la Normandie, on passe forcément devant. Devenu une institution avec le temps, Le Coq Hardy a vu dans ses murs quantité de célébrités (Sophia Loren ou encore le Chah d’Iran, excusez du peu…) y faire leurs agapes et les étoiles Michelin l’ont tutoyé de près pendant de nombreuses années et particulièrement sous la IVe République. 

 

Un temps repris par la chaîne Chez Clément des frères Blanc, c’est en 2019 que l’enseigne ferme les portes du lieu. Début 2020, un nouveau repreneur arrive, David Cheleman. Il a derrière lui plusieurs années de restauration parisienne. 

 

En 2003, il a ouvert « Les saveurs du marché » à Neuilly qu’il gardera sept ans. Par la suite, il s’installe avec sa femme dans le 17e arrondissement de la capitale, le restaurant aura le même nom que le premier et ici aussi, le couple y restera sept ans. Par la suite, un passage dans le 9e avec la reprise d’un bistrot que le couple appelle « Chez Delphine », ils gardent alors les deux restaurants pendant un an ou deux. Le lieu est symbolique, c’est l’ancien « Casa Olympe » de la cheffe Olympe Versini, plus jeune cheffe étoilée en 1979 et précurseur, plus tard, de ce que l’on nommera la Bistronomie. Les bonnes ondes y circulent donc…

 

L’envie d’aller voir en banlieue ce qu’il s’y passe cependant les titille, la vie parisienne les lasse et habitant Courbevoie ou encore La Garenne-Colombes, ils voient bien que s’ils y sont à l’aise, l’offre en restauration n’est pas fantastique. Ancien chef du Petit Poucet sur l’ile de la Jatte, un restaurant proche de l’eau tenterait bien David et c’est justement à ce moment qu’il découvre le lieu qui va devenir son premier restaurant à Bougival, La Maison Louveciennes. Ancien Hippopotamus à l’abandon, le restaurant est dans un état déplorable, mais prometteur. David Cheleman s’y projette facilement, fait énormément de travaux et redonne une vie au lieu qu’il l’avait quittée depuis longtemps.

 

Juste en face, à quelques mètres de là, un imposant bâtiment lui fait de l’oeil. Celui-ci est également à vendre. Son cachet et son histoire fascinent David : « Le challenge de faire revivre une vieille institution me plaisait ! » explique-t-il à 7deTable. Alors que la Maison Louveciennes à une cuisine plutôt contemporaine et ultra abordable, David Cheleman décide de prendre le contrepied et de faire de ce nouveau Coq de Bougival, une maison qui va sonner avec le rustique et le traditionnel : Cuisses de grenouilles, pied de cochon, carpaccio de tête de veau sont à la carte et même le célèbre « avocat crevette » se targue d’un adjectif : « seventies ». Le semainier est à l’avenant : rognons de veau, filet de boeuf Wellington ou encore « bar entier rôti ». Le dimanche, comme il se doit, c’est le jour du poulet (de Bresse) rôti. Traditionnel, on vous dit. Amis végétariens ou véganes, le velouté de petits pois frais et sa brunoise de pomme verte y est délicieux… Moins facile en été pour ce beau lieu, David a hâte de se lancer dans la carte hiver ou verra se côtoyer blanquette, pot-au-feu, bourguignon et autre… coq au vin ! Avec l’un des associés dans l’affaire qui est boucher, les viandes sont assurément toutes de belle qualité. 

 

Grands classiques, plats emblématiques du lieu, David Cheleman est allé jusqu’à poser des questions à d’anciens clients qui connaissaient bien le fameux Coq Hardy de l’époque pour composer sa carte. Présent durant longtemps dans les restaurants bourgeois, le restaurateur a hâte de relancer le chariot de fromages et le chariot de desserts. Quoi de plus tentant que ce qui est à portée de main ? 
 

 

 

En revanche, point de nappe à carreaux blancs et rouge. La tradition n’ira pas jusque-là et c’est tant mieux. La déco, entièrement refaite pendant les confinements successifs est à la fois chatoyante, mais aussi intemporelle. Quand on s’installe à l’intérieur, on ne saurait réellement dire en quelle année l’on se trouve. Le bâtiment est immense, les escaliers mènent à de belles salles ouvertes et autres salons privatifs. Le restaurant dans son entièreté pourra accueillir jusqu’à 250 couverts.  

 

La cuisine du Coq est véritablement une gloire à la ripaille, bien réalisée, les produits utilisés sont de belles qualités ce qui explique aisément l’entrée, plat, dessert à 45 euros. C’est un magnifique lieu pour un dîner en semaine qui verra cet hiver les cheminées s’allumer, un restaurant de week-end, familial, où chaque gastronome trouvera son bonheur. 

 

Il existe un nombre incalculable de restaurants dont les mots « cuisine traditionnelle » et « comme chez Mamie » sont souvent galvaudés, Le Coq de Bougival fait joliment entrer le passé dans le présent sans pour autant ne jamais flirter avec le cliché. Hormis le mythique restaurant gastronomique voisin Le Camélia, Bougival subissait depuis quelques années une main mise des chaînes de restauration passables. Voilà, une bouffée d’air gourmande qui fait du bien à la ville et à la région… 

 

 

Le Coq de Bougival

15 Bis Quai Rennequin Sualem, 

78380 Bougival

 

Mots-clés : restaurant traditionnel - restaurant banlieue paris - cuisine à l'ancienne

 

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