ONG de défense des consommateurs, Foodwatch lâche un nouveau pavé dans la mare opaque de la fraude alimentaire. Alors que plusieurs pays européens n’hésitent pas à communiquer les auteurs des fraudes, la France fait encore la fine bouche...
« Nourriture contrefaite, contaminée, adultérée, illégale, des appellations d’origine protégée qui n’en sont pas, des imitations de grands crus ou des faux pesticides » l’organisation Foodwatch souhaite à la fois faire bouger les consciences sur ce que l’on mange tous les jours mais aussi les politiques qui ne semblent pas plus intéressés, par ces abus, que cela. « Le sujet, tabou, est savamment occulté en France » affirme l’organisation.
Dans un livre, de plus de 400 pages, qui paraît aujourd’hui aux éditions Robert Laffont « Manger du faux pour de vrai. Les scandales de la fraude alimentaire » de Ingrid Kragl - autrice, et directrice de l’information de cette Foodwatch France - pointe du doigt le sérieux manque de transparence des fraudes par les autorités françaises quand leurs semblables en Irlande, Italie, Danemark, et Allemagne et autres, arrivent à communiquer et à parler des coupables.
Pour exemple : en 2013, au moment du scandale de la viande de cheval dans les plats préparés - alors qu’ils ne devaient contenir que du boeuf - alors que la Hollande fournissait à Foodwatch la liste complète des produits qui contenaient cette fameuse viande équine, la France, quant à elle, faisait la sourde oreille à la même demande de la branche française de l’organisation. Pourtant, à l’époque, la France avait été beaucoup plus touchée par le problème.
Pour l’ONG, les faits sont implacables : « En France, une épice sur deux est frauduleuse. 43% des miels chez nous présentent des défauts de composition, de qualité, sont faussement étiquetés français ; certains n’ont jamais vu l’ombre d’une ruche tant ils sont adultérés chimiquement. Des vins du Languedoc sont frauduleusement rebaptisés Pomerol, Margaux ou Saint-Julien. Un produit bio sur douze contrôlé en France n’est pas aussi bio qu’il le prétend. Dans les Alpes maritimes, ce chiffre monte même jusqu’à un produit bio contrôlé sur trois. Des chevaux impropres à la consommation, bourrés d’antibiotiques, pénètrent aujourd’hui encore la chaîne alimentaire en catimini. Côté volailles (poulet, dinde, canard, oie et pintade), environ un vendeur sur deux triche – notamment sur les labels de qualité fermier, AOP, IGP, label rouge. En Europe, un pesticide sur sept est contrefait et ces sinistres imitations de produits phytosanitaires sont utilisées dans l’Hexagone. De l’huile de tournesol à un euro le litre se transforme en huile d’olive vendue dix fois plus cher grâce à l’ajout de… chlorophylle.Du thon avarié est injecté d’additifs dangereux pour avoir l’air frais et être ensuite revendu comme si de rien n’était. » Effrayant !
Hormis aller chercher directement chez les producteurs les produits à la ferme, Foodwatch n’hésite pas à dire que personne n’est à l’abri d’acheter un produit frauduleux. Et que cela soit en supermarché, hypermarché ou même un petit marché local, les fraudes alimentaires sont ultra présente, un peu partout.
Et la direction des Fraudes (DGCCRF) dans tout ça ? Ils font un véritable travail de qualité… mais ils sont de moins nombreux et de plus en plus débordé. Bref…
Karine Jacquemart, la directrice de foodwatch France, lance un signal d’alarme aux autorités « Il est grand temps de se doter des moyens à la hauteur de la situation contre les fraudes alimentaires : il faut plus de contrôles et de sanctions dissuasives, mais aussi plus de transparence. C’est un choix politique. Aujourd’hui, malheureusement, on continue de manger du faux pour de vrai sans le savoir ».
Fidèle à son habitude, Foodwatch France, lance une pétition à l’attention de Bruno Lemaire et Julien Denormandie : #DuFauxPourDeVrai : plus de transparence sur les fraudes alimentaires !
Mots-clés : Foodwatch - fraude alimentaire - DGCCRF