Un vigneron de Bourgueil, condamné à détruire la totalité de l’une de ses cuvées suite à des analyses de services de l’Etat est soutenu par les "Cavistes Alternatifs ». Un collectif qui met en vente les 2078 bouteilles de la dite cuvée… mais vides !
Le 4 juillet, ce n’est pas l’Amérique et encore moins la fête pour Sébastien David, vigneron de Bourgueil ! En effet le Tribunal Administratif d’Orléans a ordonné la destruction des 2.078 bouteilles de sa cuvée Coëf 2016, un vin nature, réalisé en macération courte en grappes entières, élevé neuf mois en amphore d’argile dans des caves souterraines.
En effet cette cuvée a été jugée impropre à la consommation par les services d'analyses de l'Etat. Une teneur en acidité volatile au dessus de la norme a malheureusement été constatée.
L’acidité volatile est un critère de qualité utilisé par la loi française, et le vin est qualifié de “marchand” si celle-ci n’excède pas 0,9 g/L. Un taux limite comparable dans la plupart des pays producteurs de vins.
L’Acidité Volatile (AV) est un paramètre important de la qualité des vins. Il s’agit généralement d’acide acétique soit… de vinaigre. Pas de quoi en faire un drame non ? Sauf peut être si l’on apprend que la teneur en AV est mesurée en “grammes d’acide sulfurique par litre de vin”…
Sachant qu’une augmentation de l’AV s’accompagne souvent d’un développement de la teneur en acétate d’éthyle, qui, à son tour, est responsable de sensations d’acidification progressive, de sensations de brûlure et de dureté…
Enfin si dit ainsi cela peut faire peur, ce n’est à priori pas dangereux (sauf à des taux monstrueux mais bon…), cela est indéniablement (désolé pour le vocabulaire) particulièrement « dégueulasse », une vraie piquette !
Alors qu’on lui a proposé d’envoyer sa cuvée en vinaigrerie (logique !), à la distillerie ou pour tout autre usage que celui de la consommation humaine. Sébastien David a refusé tout net, se voyant donc contraint à la destruction de son vin. Il a en effet effectué des contre analyses qui auraient donné des taux d’AV conformes. Reste que les services de l’Etat n’ont pas jugé de les prendre en compte.
C’est alors que le collectif les "Cavistes Alternatifs" qui compte une quarantaine de cavistes en France, en Belgique, et au Luxembourg, militants du vin Bio et nature, a décidé de soutenir le vigneron en en créant « La Cuvée Interdite ». :
« Notre idée est simple, mettre en vente 2.078 bouteilles vides pour soutenir l’exploitation de Sébastien David et montrer à quel point cette décision de justice est vide de sens », explique Arnaud Maillard, représentant du collectif.
Sur chaque bouteille vide se retrouve écrite l'histoire de Sébastien David. Chaque bouteille est au prix de 25 euros (33,50 euros en livraison) sur le site de financement participatif Ulule.
L'objectif est de vendre 2078 bouteilles et ainsi collecter environ 50.000 euros, la perte estimée de la destruction de la cuvée Coëf 2016 jugée impropre à la consommation sous forme de vin.
Bien que la montée en acidité volatile peut effectivement intervenir partout, et même dans un chai propre, rappelons que la meilleure solution pour limiter les risques de développement de l’AV par les bactéries acétiques est un contrôle strict de l’état sanitaire de la vendange, couplé à une bonne hygiène de chai et un respect de bonnes pratiques oenologiques.
Bien sûr nous ne mettons en aucun cas ici en doute le savoir faire du vigneron et encore moins les mesures effectuées par les services d’hygiène de l’Etat. Même si parfois leur rectitude peut paraître sévère, il n’en demeure pas moins que la qualité des produits de consommation se doit d’être parfaite et qu’il faut bien fixer des normes.
Notons enfin qu’il nous est arrivé de boire des vins « dégueulasses », Bio, Demeter, nature… ou pas, et que cela est bien sûr fort désagréable…
Nous laissons les lecteurs se faire leur propre avis sur cette affaire et donc acheter s’ils le souhaitent une (ou plusieurs) bouteille(s) vide(s) en soutien au vigneron.