Plat du jour - Environnement

Thomas Pasturel, de la finance à la boulangerie bio et 0 déchet

Ecrit par Fred Ricou le 23.05.2019

Passer de la Bourse à la Boulangerie, à 32 ans, c’est le pari que s’est offert Thomas Pasturel en revenant du Canada. De plus, créer une boulangerie éthique, sans déchet, qui utilisera un vieux four à bois du milieu du 19e siècle et le tout à quelques kilomètres d’un petit village normand de 300 âmes, c’est un peu une folie. 

 

Thomas le dit lui-même sur la page de son financement participatif « Je vous entends dire : “Encore une histoire de reconversion !”. » Alors, oui, c’est une histoire de reconversion, c’est encore l’histoire d’un trentenaire-quadra qui après avoir passé plusieurs années dans la finance / communication / marketing (rayer la mention inutile) se demande bien à quoi tout cela rime et qui décide de faire quelque chose de concret de ses mains.

Thomas Pasturel s’occupe pendant 12 ans de finance, de bourse, d’investissement, et même de trading algorithmique. Si pour beaucoup cela ne veut pas dire grand chose (dont l’auteur de ce papier...), la suite nous fait nettement plus rêver. Son père, normand, a a fait une école hôtelière et lui transmet « l’envie de manger du bon ». Maman, de son côté, est réunionnaise : « Il y a une mixité de cultures et de saveurs ». 

Depuis qu’il a 18 ans, Thomas aime à essayer de concilier ses deux passions, d’un côté les chiffres et la finance, de l’autre ses valeurs de partage. Compliqué à faire quand on est trader… ou alors, il suffit de rencontrer les bonnes personnes, de se faire une place et de faire de l’argent qui pourra servir à autre chose que de devenir un loup de Wall-Street. Il faut réinjecter cet argent dans l’économie réelle. 

Avec sa compagne, il part pour le plaisir au Canada, mais également pour y travailler. Il y achète une machine à pain comme Madame et Monsieur tout-le-monde, essaye diverses recettes « ça sent bon dans la maison, ça fait des cube de pain, c’est amusant… » mais un jour, une amie lui dit qu’elle fait du pain sans machine, à la cocotte. Et c’est là que la magie opère, c’est l’évidence, exit la machine à pain « qui finalement ne sert à rien ». Le pain à enfin une croute, il a une bonne odeur de levain, c’est la révélation ! 

Assez rapidement, il passe de la levure au levain et se forme chez plusieurs boulangers en France. Il passe même un peu de temps dans une boulangerie à « rythme industriel » qui lui prouve que ce n’est vraiment pas cela qu’il veut faire. L’idée de créer une boulangerie « d’un genre différent » est née. 

Retour en France en juillet 2018. C’est presque par hasard que le couple trouve en Normandie au 1672, route de la Côte Ransue, 14130 Quetteville à quelques kilomètres de Honfleur, un vieux corps de ferme avec quelques mètres plus loin, un vieux four à pain. Achat ! Amour ! Bonheur ! Dans un premier temps, c’est rénovation écologique de la maison. Laine de bois, plutôt que fibre de verre pour isoler, un peu comme un bâtiment nouveau, mais pour de l’ancien et pareil pour le fournil. En revanche, pour ce dernier, justement, il faut refaire beaucoup de choses dont le four à bois en lui-même. Il faut également acheter des équipements, faire un pétrin sur-mesure, bref, le couple ne manque pas de travail. Et Diane, la compagne de Thomas, est architecte « Elle a une vue de l’espace et un amour du patrimoine ».



Et maintenant, parlons boulangerie pure. Comparativement à certaines boulangeries qui font 1000-1200 kilos de pains, brioches et pizzas par semaine, Thomas veut commencer par en faire 200 kilos : « La façon dont je décris le Fournil 1672 est un micro-fournil traditionnel, bio et engagé. Traditionnel, parce que je vais utiliser des blés anciens, plus digeste et plus sain [une farine de Normandie] et cuit au feu de bois, bio, c’est assez simple à comprendre, et engagé, parce que je suis en train de rédiger une charte des engagements du fournil, d’un point de vue écologique : 0 déchet, je vais proposer des sacs en tissus, idéalement en lin de Normandie, et les cendres de bois, je vais essayer d’en faire faire du savon, de la lessive ou même du dentifrice… ». Alors oui, Thomas Pasturel ne peut pas tout mener de front, tout seul. Mais peut-être que, si tout fonctionne comme il le désire, il pense déjà à employer quelqu’un et faire de cette micro-boulangerie un début pour d’autres choses. Il pense également à s’associer aussi avec une nouvelle maraîchère qui vient de s’installer pas très loin du fournil, elle-même également en reconversion professionnelle, et ainsi prendre ses tomates pour faire ses pizzas. Plusieurs sortes de pain seront proposées, un pain nature simple en plusieurs formats, des pains au noix et aux graines, une tourte au seigle ainsi que des pains aux herbes et d’autres aux épices qui changeront régulièrement, et même, pourquoi pas, des pains du monde.

Pour le moment, la boulangerie ne devrait ouvrir que deux-trois jours par semaine et faire un mélange de vente directe et de vente à la commande pour ainsi avoir le moins de perte possible, mais également la meilleure qualité possible. Une belle tourte peut facilement tenir 4 - 5 jours quand elle est de bien faite. 

Avec un crowdfunding qui finit dimanche soir, Thomas et Diane ont déjà récupéré plus de 11 000 euros en 118 dons, le premier pallier, mais le couple aimerait arriver au double avant la fin du week-end pour ainsi financer au maximum le four à bois. Peut-être aussi, dans plus longtemps, prendre quelqu’un en plus « J’aimerais embaucher un jeune en réinsertion pour lui apprendre le métier et aussi doubler les quantités ». 

Fournil 1672 est un magnifique projet qui souhaite « avoir un impact pour empêcher les gens de manger du mauvais pain ». Vaste programme… 

Site : www.fournil1672.com

 

Mots-clés : fournil normandie - four à pain - reconversion professionelle

 

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