Dans une interview que donnait Mory Sacko à 7deTable le jeudi 30 avril, le jeune chef, sortant à peine des cuisines de Top Chef, annonçait l'ouverture prochaine de son restaurant, son propre restaurant, en septembre. Nous avons voulu en savoir un peu plus…
Photo (© Marie Etchegoyen / M6)
Si Mory Sacko a des origines maliennes, ce jeune chef, qui est passé par des cuisines de palace tel que le Mandarin Oriental avec le chef Thierry Marx, est comme lui, fasciné par le Japon. Et c’est justement cela qui va devenir l’une des lignes directrices de son futur restaurant, dont il vient d'annoncer l'ouverture sur son compte twitter et à 7deTable à qui il raconte la création : « Je vais faire une cuisine avec double influence afro-japonaise ! On va mélanger les inspirations en prenant tout ce qui est Afrique Sub-Saharienne, l’Afrique noire, et des inspirations du Japon. L’objectif sera vraiment de fusionner ces deux influences, ces deux univers qui peuvent être contradictoires. Le but sera de les réunir et de leur donner une grosse amplitude dans ma cuisine. »
C’est avec émotion que je vous annonce l’ouverture de ma première maison, MoSuke. https://t.co/7Dl1Dban99 pic.twitter.com/7k4wk9nKqz
— morysacko_topchef (@MorysackoT) May 1, 2020
Les gastronomies qui s’inspirent de l’Afrique noire ne sont pas forcément les plus exposées en France. Nous lui avons demandé les raisons de son choix : « Quand j’ai eu l’idée du restaurant, je me suis dit que ce serait dommage de ne pas faire de clin d’œil, ni de s’inspirer de l’Afrique parce que c’est une offre qui est méconnue quand elle est purement gastronomique. Il n’y a pas encore une énorme représentativité de cette cuisine, comparativement à la population africaine que l’on peut avoir. J’avais envie de mettre l’Afrique en avant. » et d’ajouter « Je n’ai pas envie de m’enfermer dans cette cuisine africaine, et j’ai toujours été un grand passionné du Japon de par sa culture et sa cuisine, et je me suis dit : pourquoi ne pas faire les deux ! »
Le projet est étonnant et véritablement différent de ce que l’on peut trouver à Paris. Si l’on connaît un peu la fameuse cuisine Nikkei, une fusion entre la cuisine péruvienne et la cuisine japonaise, une véritable fusion afro-japonaise semble être, à notre connaissance, une première et va même plus loin dans la symbolique qu’un simple mélange au hasard des deux cultures : « J’ai mûri l’idée, je suis en train de travailler sur ma carte, et puis au final, j’arrive à trouver énormément de ponts entre les deux cultures. Même le nom du restaurant : Mosuke, une contraction entre le Mo de mon prénom et Yasuke qui vient du premier samouraï étranger qui était noir, africain, à l’époque Edo, au Japon. C’est vraiment une « personification » de ce que je veux faire. C’est une belle histoire et ça illustre très bien la cuisine que j’ai envie de faire… »
Pour la petite histoire, Yasuke est un esclave né dans les années 1530-1540 au Mozambique, qui s’est retrouvé au Japon en 1579. Admiratif de la couleur de sa peau, de sa grande taille (1,88 mètre) et de sa facilité à apprendre le japonais, il devient garde du corps du gouverneur Oda Nobunaga et par conséquent, le premier étranger à revêtir l’armure des samouraïs. Un film éponyme est en préparation sur la vie de Yasuke avec Chadwick Boseman, l’acteur de Black Panther dans le rôle-titre.
Beau projet que ce Mosuke que l’on attend dorénavant avec impatience. Une petite bulle d’air dans ce climat pesant et pas facile pour la plupart des restaurants. Hâte.
Mots-clés : Mory Sacko - Ouverture restaurant - Cuisine africaine japonaise