L214 sort les crocs ! L’association qui lutte contre la maltraitance des animaux a porté plainte face au GAEC du Perrat dans le département de l’Ain qui possède un élevage industriel de poules. Les conditions sanitaires et de bien-être pour les gallinacés et les employés peuvent être qualifiées d’intolérables. Et pourtant, ce GAEC indique sur son site internet « une réelle fraîcheur des œufs » et « une sécurité bactériologique parfaite ». La production s’élève à 160 000 œufs par jour, au détriment des conditions de vie affolantes des animaux et des employés. L’association L214 lance une pétition pour lutter contre ces maltraitances et l’élevage industriel.
Il y a quelques semaines, l’association L214 avait diffusé une vidéo alarmante sur le traitement des animaux dans les abattoirs. Aujourd’hui, elle dénonce les conditions de vie des poules dans le GAEC du Perrat, à proximité de la commune de Chaleins, dans le département de l’Ain. Il s’agit d’un élevage industriel où 200 000 poules y sont enfermées dans des cages. Au nombre de 10 par cagettes, elles tentent de survivre. Les conditions sanitaires sont déplorables : poux et vers pullulent dans l’entrepôt, affectant les conditions de travail des employés ainsi que la vie des poules. Certaines meurent et sont laissées dans les cages pendant plusieurs semaines, d’autres sont à moitié déplumées. Ces gallinacés sont, dans cet élevage, pris pour des machines à œufs et dont le bien-être est mis à l’écart.
Le GAEC produit près de 160 000 œufs par jour qui sont commercialisés sous la marque Matine dans les grandes distributions Carrefour, Intermarché, Auchan, Système U et Casino. Certains œufs sont ramassés seulement quelques jours après la ponte, laissés entre les gallinacés serrés et pollués par des bactéries, et parfois même, entre des cadavres de poules. Et pourtant, l’étiquetage de ces œufs sera réalisé à la date du jour où ils seront ramassés.
L’association L214, qui lutte contre la maltraitance envers les animaux, a porté plainte au tribunal de grande instance de Bourg en Bresse, en vue des conditions déplorables dans lesquelles vivent les gallinacés. Les membres de l’association ont également ouvert une pétition dont l’objet est la demande de la « fermeture immédiate » de l’élevage industriel. Les images de la vidéo ont été prises le 27 avril 2016, dans les 2 bâtiments accueillant près de 100 000 poules chacun. Le porte-parole de l’association, Sébastien Arsac explique que « la vidéo révèle des infractions graves et répétées aux règles sanitaires et de bien-être des animaux ». L214 a diffusé la vidéo sur son site internet le mercredi 25 mai :
La ministre de l’Environnement, Ségolène Royal, ainsi que le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll ont aussitôt réagi. La ministre a posté un message sur twitter déclarant que ces conditions étaient « intolérables ». Elle ajoute qu’elle a « demandé au préfet de l’Ain » une inspection du GAEC du Perrat et déclare que tous les « élevages géants » allaient être contrôlés. Stéphane Le Foll a ajouté, sur France Info « S’il le faut, je fermerai cet élevage. Il porte une responsabilité pour tous les autres qui travaillent correctement ».
Le GAEC du Perrat avait déjà fait l’objet de deux arrêtés préfectoraux en mars 2015 et janvier 2016. Ils stipulaient des non-conformités notamment au niveau sanitaire obligeant le responsable à prendre des mesures au niveau de l’accumulation des fientes et de « l’importante prolifération de mouches » dont la commune voisine s’était plainte. Un troisième arrêté préfectoral a été déposé, suite à des plaintes des riverains concernant la nuisance sonore, obligeant, l’activité du GAEC a être réduite en avril.
La directive européenne relative à la protection des poules pondeuses, datant de 1999 et entrée en vigueur en 2012, spécifie que dans un élevage de gallinacés, les poules doivent avoir un espace vital d’un minimum de 750 cm2 – soit environ une feuille A4 – avec un nid, un perchoir et une litière. Mais, dans la réalité ces conditions ne sont pas toujours respectées. Même si de nombreuses associations de lutte contre la maltraitance animale dénoncent régulièrement ces faits, il n’est pas évident d’obtenir gain de cause.
L’association L214 avait également enquêté sur ce GAEC, en 2013, dont les images et vidéos avaient été censurés par le Tribunal de Grande Instance considérant qu’il s’agissait d’une « violation de la vie privée ». Sébastien Arsac ajoute : « Trois ans plus tard, la situation reste inchangée et les conditions d’élevage des poules sont toujours aussi misérables. Les défaillances perdurent malgré les nombreuses alertes de riverains, de salariés, des autorités sanitaires et de la direction départementale de la protection des populations ».
Le Monde - France Info
Mots-clés : Association L214 - Élevage industriel - Poules