Plat du jour - Société

Livraison de repas : Course pour le podium et contre la montre

Ecrit par Mathieu Oudot le 02.09.2016

EDITO — La guerre internationale des gangs est déclarée dans beaucoup de grandes villes françaises. Deliveroo (Anglais), Foodora (Allemand), Frichti (Français), Ubereats (Américain) battent le pavé tous les jours pour gagner des parts de marché aux concurrents. Dans ce métier, pas de confrères, tous les coups sont permis, à moindre coût, et sans permis. Focus sur ces nouvelles tendances de restauration : les livraisons à domicile ou au bureau.



 

Vendredi soir, 19 heures, il pleut. Nous sommes sur une grande place en plein cœur de Bordeaux, mais nous pourrions être à Paris, Lille, Marseille, etc. Le spectacle est maintenant rodé, on croirait voir une manifestation de cyclistes. Ils sont là, des dizaines dans les starting-blocks, prêts à en découdre avec la pluie pour partir récupérer un plat chaud dans un restaurant et l’amener tiède de l’autre côté de la ville. Certains cyclistes sont vert et noir, ils bossent avec Deliveroo, d’autres sont tout en rose, c’est les derniers arrivants, qui travaillent pour Foodora. Pour beaucoup, ils portaient les couleurs de Take Eat Easy (belge) il y a à peine deux mois (vert... de rage), mais ce dernier a coulé en les laissant sur le bitume, obligés de remonter sur selle pour gagner leur croûte.

 

Car le point commun à tous ces employés, c’est qu’ils n’en sont pas. À la manière d’Uber, qui le premier a américanisé l’emploi, ces start-ups proposent à qui le voudra (généralement des étudiants sans emploi) de se mettre à leur compte et de facturer l’employeur de chaque prestation, la start-up devenant alors le client ! Un modèle qui prémunit du risque, de la masse salariale, des contraintes, des frais fixes, bref de pas mal d’emmerdes à la française.

 

Et pourtant, certaines ne tiennent pas la course (Take Eat Easy : heure du décès juillet 2016) alors où vont les bénéfices de ces sociétés ? La plupart, non, pas la plupart, ce serait exagéré. Toutes investissent des millions d’euros en publicité :

— mots clés sur Google

— encarts pub sur Facebook

— publicité sur les tramways et les bus

— sucettes JC Decaux

— avions sur les plages

— médias, TV, radio, etc.

Des levées de fonds de plusieurs millions d’euros sont attribuées à ces start-ups. Un pari risqué pour les investisseurs.

 

Certains pionniers, comme AlloResto (français), qui va bientôt fêter ses 20 ans, tiennent le choc par leur antériorité et leur réputation qui permet d’éviter la case publicité dans le budget quotidien de la société. De nouveaux entrants tentent malgré tout de plonger dans le grand bain en se démarquant par des services innovants, des atouts qualitatifs, un esprit décalé : restaurants partenaires bio, branchés, tendance, livraisons toujours plus rapides, applications simplifiées, géolocalisation instantanée, parrainages, tarifs réduits pour les groupes, etc.

 

DejBox par exemple, une jeune structure lilloise a démarré depuis un peu plus d’un an et a déjà conquis Paris et Lyon en quelques mois. Leur concept : ne servir que les entreprises le midi pour mutualiser les frais de livraison et offrir des repas aux salariés à partir de 6,90 € livraison incluse. De quoi concurrencer sérieusement les têtes d’affiche de la livraison, et même les cantines de quartier.

 

Dans un contexte économique où les consommateurs sont de plus en plus sensibles au « manger mieux », mais avec de moins en moins de temps pour la « pause déj », tout reste encore à faire dans ce marché en expansion, très loin des années où l’on commandait seulement des pizzas par téléphone.

 

Mots-clés : foodora deliveroo ubereats - alloresto takeeateasy - livraison dejbox

 

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