Le petit-déjeuner et les tartines beurrées, des indispensables ?

On a tous une grand-mère qui nous trouve toujours trop maigre et fait vivre le dicton "Mange comme un roi le matin, comme un prince le midi, comme un pauvre le soir". Mais qu'en est-il réellement ? Les scientifiques se sont penchés sur la question et multiplient les recherches controversées. Certains, comme le montre une étude brésilienne parue dans la revue European Journal of Preventive Cardiology, ont établi des liens, pour le moins intriguants, entre le risque accru de maladies cardiovasculaires telles que le diabète et l'absence de petit-déjeuner. Pour mettre en évidence cela, les professionnels ont fourni un questionnaire à 113 patients hospitalisés suite à une grave crise cardiaque ou un mal de même envergure. Les individus ont été interrogés sur leurs habitudes alimentaires, et le constat est sans appel. Les patients, non adeptes du petit-déjeuner étaient plus susceptibles de développer des maladies cardiovasculaires. Toutefois, d'après le professeur Eric Van Belle, les liens de causalité de l'étude sont trop pauvres pour faire du postulat, une vérité inconstestable. Le professeur est cependant plus clément avec une autre étude, réalisée en avril 2019 sur un échantillon de 6500 américains, qui tire des conclusions similaires. En effet, 5% d'entre eux zapperaient le premier repas de la journée et ces derniers connaîtraient un taux de mortalité supérieur à la moyenne de 87%. Un chiffre inquiétant mais calculé sans la prise en compte de certains paramètres primordiaux, tels que les mauvais comportements alimentaires, le tabagisme, la sédentarité, le peu d'effort physique, soit autant d'éléments constitutifs du mode de vie des 5% nominés. D'autant plus que le même phénomène s'est révélé bien moins recevable sur les individus consommant rarement mais quelques fois, le petit-déjeuner. 

Les croyances et hypothèses autour du petit-déjeuner circulent : il ne faut pas dîner trop tard pour ne pas sauter le petit-déjeuner, le petit-déjeuner, repas le plus important de la journée, le petit-déjeuner repas régulateur de l'apport journalier, pas de petit-déjeuner, risque d'obésité assuré ... Pourtant, les nutritionnistes s'accordent pour dire que tout individu doit pouvoir et savoir être à l'écoute de ses propres besoins, et ne pas manger sans faim. Ce qui expliquerait qu'aujourd'hui, 20% soit 2 adultes sur 10, fasse l'impasse sur le petit-déjeuner, au moins un jour dans la semaine ; un fait dont l'ampleur a doublé en dix ans malgré la tradition bien ancrée, des tartines beurrées. Mais la consommation de beurre elle aussi, a fondu, avec une baisse de 4% en 2018, qui découle probablement de la pénurie de beurre connue deux ans plus tôt. Les habitudes alimentaires ont également beaucoup changé. Certains préfèrent les céréales, d'autres font attention à leur ligne et diabolisent le pourvoyeur de graisses saturées, bien que les spécialistes de la nutrition défendent avant tout, une alimentation équilibrée, qui n'exclut aucun aliment tant que sa consommation est tempérée. 

Aucune étude n'a donc été capable de quantifier réellement l'impact de l'absence de petit-déjeuner sur l'organisme. Ceux qui accusent les problèmes de poids, négligent les fringales compensées par les barres chocolatées, les paquets de biscuits ou gâteaux qui s'enfilent rapidement dans leur intégralité, faute de pouvoir procurer un sentiment de satieté. Pour les personnes concernées, il semble intéressant de privilégier un bon petit-déjeuner, de préférence sain et rassasiant, qui interrompt le jeûne nocturne et régule l'apport nutritionnel journalier. Chez les enfants, en pleine croissance, il est tout aussi profitable de prendre un petit-déjeuner, comme le souhaite le Plan Pauvreté, pour les élèves issus d'établissements situés en zone prioritaire, pour éviter l'inattention, la fatigue qui pèsent sur les résultats scolaires. Il n'est cependant pas souhaitable de blâmer les non-mangeurs de petits-déjeuners, si cela leur convient et leur est adapté ; à  chacun ses préférences et son mode de vie, et on ne le répétera sans doute jamais assez, mais l'équilibre, c'est la clé !