Mardi 16 avril, la Maison du Mochi a ouvert les portes de sa première boutique, rue du Cherche-Midi, dans le 6e arrondissement de Paris. Tenue par Mathilda Motte, la boutique célèbre les mochis, une spécialité indémodable de l’Empire du Soleil Levant, que la maîtresse des lieux a découvert durant son séjour à Tokyo.
Photo Lisa Klein Michel
C'est en suivant son mari au Japon, que Mathilda a rapidement constaté que la vie quotidienne des femmes japonaises n’avait rien du rythme effréné et indépendant que connaissent les occidentales. Dans l’Archipel Nippon, les femmes sont soumises aux contraintes d’une société qui limite leurs droits et leurs aspirations professionnelles. Le peu de marge de manœuvre accordée à la femme, dont la place sociale est largement réduite et restreinte, l’empêche, bien souvent, d’accéder à des postes de travail.
Pour Mathilda, l’intégration a été plus difficile encore. Ne parlant pas japonais, elle a dû s’inscrire à des cours de langue et s’est ainsi familiarisée avec la culture japonaise.Au cours d’un atelier, elle découvre une douceur nippone à base de farine de riz, le mochi. Cette spécialité raffinée dont la réalisation est aussi complexe que celle des macarons français, se révèle être un véritable coup de foudre pour la jeune femme, qui vit depuis, une inépuisable addiction.
À son retour en France, Mathilda se lance alors dans un défi un peu fou; reproduire de ses mains, et avec pour seul instrument sa créativité, le goût, la texture, l’onctuosité du mochi. Pour réaliser son projet, elle s’associe à une usine implantée à Tour, avec laquelle elle élabore ses recettes secrètes, dont elle a partagé avec nous, quelques détails.
Mathilda s’inspire du Mochi Daifuku, dont l’enveloppe de riz, élastique mais aussi douce qu’une peau de pêche, révèle un cœur traditionnel de Anko, une pâte de azuki* sucrée (haricots rouges). Pour rendre originaux ses mochis artisanaux, la fondatrice décide de favoriser une base de shioran (haricots blancs) au goût beaucoup plus neutre, permettant le mariage des saveurs et des arômes propres à la pâtisserie française.
Ces petites douceurs, qui tiennent au creux de la paume de la main, sont une véritable apologie du goût discret, une expérience qui exalte les sens.
D’abord au toucher, les mochis sont incroyablement doux, avec un duvet de farine de riz qui enrobe l’écorce, pour ne pas coller aux doigts. Mais c’est en bouche que l’artifice se produit. Combinant fondant, légèreté, justesse, la texture est encore plus agréable que celle de la guimauve, et selon les fourrages, la surprise est renversante.
De notre côté, les mochis noisette et sésame ont fait l’unanimité. Celui à la noisette est l’expression même de la gourmandise avec sa saveur ronde et tiède, qui cache un cœur fait d’éclats de noisettes, s’apparentant au pralin, mais sans l’agressivité de sa caramélisation. En effet, les mochis confectionnés par Mathilda, excluent non seulement les pics de glycémie grâce aux légumineuses, mais préfèrent également le sucre de canne non-raffiné, et sont donc deux fois moins sucrés que des pâtisseries classiques. Quant au mochi au sésame torréfié, il peut s’accompagner de la traditionnelle cérémonie du thé cendré à la poudre matcha (chanoyu) pour renforcer à la fois son goût corsé mais aussi adoucir le palais, imprégné du goût de ces mignardises, qui reste longtemps en bouche.
On boit puis on croque dans ces confections végétales, sans gluten, sans conservateur, ni édulcorant, qui ont tout pour plaire à une clientèle hybride, déjà séduite par les productions artisanales proposées par la boutique en ligne. C’est en effet sur les réseaux sociaux que les mochis de Mathilda ont su se faire connaître, son compte Instagram florissant de photographies aux tons pastel et épurés, que la boutique parisienne s’est efforcée de reproduire. Un choix allant de pair avec le visuel naturel des gâteaux nippons, qui contrairement aux mochis industriels, ne se différencient pas par leur couleur détonante, mais par l’esquisse de symboles empruntés aux kimonos japonais et réalisés à l’encre alimentaire.
Ambitieuse et entreprenante, Mathilda Motte n’en a pas fini et projette de confectionner des mochis glacés ; bien que non traditionnels du Japon, ils ont toutefois conquis les français. On entend également parler de mochis salés qui pourraient bientôt faire leur apparition, entre chèvre frais et houmous. L’occasion pour Mathilda d’élargir ses horizons …
La Maison du Mochi
39 rue du Cherche-Midi,
75006 Paris
Mots-clés : Maison Mochi - Artisanat Boutique - pâtisserie japonaise