C’est une pêche qui n’en finit pas de diviser le secteur marin. Les Pays-Bas, autorisés par l’Union européenne — à titre d’« expérimentation » — depuis 2006, pratiquent de plus en plus la pêche électrique. Les débats font rage, mais n’empêchent pas une certaine évolution de cette méthode, interdite en France, que beaucoup qualifieront de barbare. Éclaircissements sur cette pratique qui a des pour, mais également des contre.
JeanneMenjoulet&Cie, CC BY ND 2.0
Des navires sont munis de chaluts qui envoient des décharges électriques dans les fonds marins, étourdissant les poissons, qui remontent alors à la surface. Paralysés, ils sont ensuite tout simplement ramasser par les filets. La méthode est simple et ses partisans ont pour argument principal la consommation de 20 à 40 % de fuel en moins en mer, expliquée par le fait que les chaluts électriques sont moins lourds que les traditionnels. Cela perturberait également moins les fonds marins.
De gros points noirs
Les opposants à cette pêche comptent parmi leurs rangs beaucoup de pêcheurs français. En effet — eux qui n’ont pas le droit de la pratiquer eux-mêmes — sont très inquiets de voir que les néerlandais l’utilisent au sein de nos eaux territoriales françaises. D’autant plus que la pratique fait des dégâts. Le courant électrique est effectivement fatal à certains poissons en provoquant des hémorragies ou des fractures par exemple. Ainsi, des pêcheurs retrouvent leurs cabillauds avec un aspect détérioré.
À noter que les raies ou autres requins sont très sensibles à l’électricité. Cela est d’autant plus inquiétant que peu d’études ont été réalisées afin de connaître l’impact réel sur l’écosystème marin. Enfin — et c’est le plus gros point noir —, la gestion des ressources en poissons en est bafouée. Nombreux estiment que l’on ne peut continuer sur ce rythme, sous peine de ne plus avoir de ressources. On appelle cela tout simplement de la surexploitation. Les partisans le sont sans aucun doute à des fins financières.
Une évolution considérable
Cette pêche est de plus en plus pratiquée. En 2006, les Pays-Bas ont obtenu une dérogation leur permettant d’équiper de filets électriques jusqu’à 5 % de leur flotte. Aujourd’hui, ils sont autorisés à en déployer le double en mer, soit pas moins de 80 bateaux (10 % de la flotte). Une évolution qui illustre parfaitement le changement d’échelle que subit cette pratique, surtout lorsque l’on sait qu’à l’origine, elle se faisait à pied, dans des rivières dans le but unique d’étudier les populations de poissons.
Combien de temps nos voisins pêcheurs pourront-ils encore qualifier cette pratique d’« expérimentale » ? D’après un marin français, les pêches néerlandaises auraient doublées voir triplées depuis son utilisation. Pourtant, son développement avait été freiné en 1998, pratique alors jugée aussi dangereuse que la pêche à la dynamite ou au poison.
Via France Inter ; Actu Environnement
Mots-clés : Pêche Électrique Menace - Conflit Pays-Bas France - Mer Ressources Poissons