La Foodtech est aujourd'hui devenue un réservoir à idée pour l'alimentation d'aujourd'hui mais c'est elle qui, également, trace les grands courants de l'alimentation de demain. Véritable complément de l'industrie agroalimentaire actuelle qui ne remplie pas forcément tous ces devoirs, la foodtech propose une nouvelle façon de se sustanter tout en restant responsable. Nous reproduisons en intégralité une tribune de Raphaël de Taisne et Louis de Bentzmann, cofondateurs de Yumi.
Légumes à boire, repas de chefs, super aliments ou encore insectes comestibles livrés à domicile, régulièrement, de nouvelles solutions nous sont offertes au profit d’une alimentation plus saine, plus pratique et plus responsable.
Toutes ces alternatives ont un point commun : elles tirent leurs origines de l’insatisfaction des consommateurs, résolus à changer les choses par eux-mêmes, en proposant des produits innovants, plus en phase avec les enjeux alimentaires contemporains. Les entrepreneurs de la foodtech font souffler un vent nouveau sur l’agro-alimentaire français, soucieux de casser les codes d’une industrie traditionnelle trop peu encline à remettre le consommateur au cœur de ses productions.
L’alimentation : le défi des nouvelles générations
D’après une étude du Crédoc datant de 2017, moins de ¼ des français parvient à suivre les conseils du Programme National Nutrition Santé (PNNS) et à manger le minimum de 5 fruits et légumes par jour, recommandés pour être en bonne santé. Maladies cardiovasculaires, stress, dégénérescence des tissus musculaires… les conséquences d’une mauvaise alimentation peuvent être désastreuses et font de la malbouffe un enjeu de santé publique majeur.
Depuis plusieurs années, l’état s’empare du problème, à coups de spots publicitaires, d’états généraux et de légendes préventives dont les résultats semblent limités. Depuis 2010, la proportion des personnes en France qui consomment moins de 3 portions de fruits et légumes par jour est passée de 70% à 76%, malgré la forte hausse du budget consacré aux actions du PNNS sur la même période.
Modes de vie plus urbains et généralisation des écrans ont aussi conduit à une réduction drastique du temps alloué aux repas. La conséquence ? Nous avons progressivement confié à l’industrie agro-alimentaire le pouvoir de préparer nos repas et de multiplier les intermédiaires pour aboutir à des produits très transformés, riches en additifs, en sucres et en conservateurs.
Remettre le consommateur au centre des initiatives
Conscients que la prévention ne suffira pas à changer les comportements des français, de nombreux acteurs de la foodtech prennent le parti de proposer des alternatives concrètes pour faciliter l’accès à une alimentation plus saine et équilibrée.
Légumes à boire, produits bio et de qualité en livraison, repas de chefs à domicile, scanners de qualité des produits… sont autant d’innovations combinant qualité et praticité, qui mettent l’accent sur les besoins nutritionnels et apports nécessaires à l’homme.
Si l’industrie agroalimentaire traditionnelle place bien souvent le consommateur en bout de chaîne, les startups de la foodtech, en majorité, font quant à elles le choix de se recentrer sur les exigences du consommateur. Elles l’impliquent davantage sur l’ensemble du processus, de la création du produit à la récupération des avis, en l’appelant même parfois à contribuer au développement du projet, financièrement ou par ses idées. Une approche nouvelle qui conduit ces jeunes entreprises - bien au fait des attentes des consommateurs, en terme de qualité, de traçabilité et de mode de consommation - à être les principales sources d’innovation du secteur.
Ce basculement vers un fonctionnement plus décentralisé et participatif, est généralement compliqué à mettre en place chez les acteurs classiques de l’industrie, souvent freinés par la taille de leur structure et la lourdeur de leur process.
Enfin, on peut aussi s’interroger sur l’envie réelle de certains grands groupes de répondre aux préoccupations des consommateurs, et dans le même temps à certains enjeux de santé publique. Comment s’attaquer légitimement et efficacement au problème du sucre alors que ces sociétés sont pour certaines partie-prenante de l’enfumage depuis des années et que la totalité de leurs produits intègrent des sucres ajoutés, parfois cachés ?
Les nouvelles technologies joue alors un rôle clef dans le développement de ces start-up. Leur utilité est double : à la fois sur l’innovation produits (technologies de production et ou conservation, emballage etc..) et sur la relation avec les consommateurs (prises de décisions participatives, réseaux sociaux, ...).
Vers une approche plus globale des produits alimentaires
Si les consommateurs accordent aujourd’hui une importance accrue à la traçabilité et à l’origine des aliments, gages de qualité et de transparence, ils sont également attentifs aux considérations environnementales. C’est pourquoi certains acteurs s’engagent dans la réduction de leur empreinte écologique (packaging, recyclage, procédé de fabrication, produits locaux, bio, etc.) et incitent ainsi leurs clients à devenir des “consommateurs durables” !
Raphaël de Taisne et Louis de Bentzmann, cofondateurs de Yumi.
Mots-clés : foodtech - fruit légume - insecte alimentation