« Y’avait quoi à la cantine ? », la phrase est habituelle. Chaque soir, les parents posent la même question à leurs enfants, dépités, qui leur ânonne le menu du jour. Un documentaire vient pointer du doigt le problème des cantines scolaires ce samedi sur Public Sénat.
Service photo du Département du Val-de-Marne - (CC BY-NC-ND 2.0)
Il ne semble plus très loin le temps où Carlos chantait qu’il préférait « manger à la cantine, avec les copains et les copines ». Il précisait bien ce que certains de nos bambins retrouvent dans leurs assiettes régulièrement : « Même si le beurre c'est de la margarine, tant pis s'il y a des cailloux dans les épinards, je préfère manger au réfectoire ».
C’est ce qu’a fait la journaliste marseillaise Valérie Simonet, quand sa fille a commencé à ne plus rien avaler le midi, alors qu’elle n’est pas difficile. Elle a réussi à se procurer pendant un mois les déjeuners servis à la cantine de l’école et a tenté de tout manger. De contenus indéterminés et/ou immangeables, à la faim qui la tiraille assez tôt dans la soirée, elle résume ce quotidien dans un documentaire Y’avait quoi à la cantine, diffusé samedi 26 septembre à 21h00 sur Public Sénat (rediffusion dimanche 27 à 9h00).
La question de la qualité des repas servir dans les cantines n’est pas nouvelle, en particulier dans les grandes villes ; les repas végétariens bio non équilibrés et composés de produits ultra-transformés n’échappant pas à la règle.
En 2018, dans Le Livre noir des cantines scolaires de Sandra Franrenet (Leduc.s éditions), l’autrice avait mené une enquête à la fois passionnante et effrayante sur les grosses machines qui font manger les enfants de la primaire au lycée : rupture thermique pas forcément respectée, trop de sucre, trop de gras, du bio du bout du monde, des plats obligatoirement servis avec de la sauce - pour ainsi mieux les réchauffer - mais où la sauce est pleine de produits innommables, du poisson pané (star des cantines depuis des décennies…) où le poisson n’en a plus que le nom, du gaspillage alimentaire avec des quantités délirantes dans les assiettes ou a contrario des enfants qui ont encore faim quelques heures après le repas et toujours des politiques qui n’ont pas que cela à faire. Le livre faisait un constat déplorable de l’état de la plupart des cantines scolaires françaises.
Heureusement, Sandra Franrenet n’hésitait pas parler aussi de plusieurs chefs de cantines d’écoles, comme de collèges et de lycées, qui font un véritable travail de chef, avec une vraie cuisine, de vrais plats délicieux et une reconnaissance éternelle de la part des élèves.
Ce n’est pas la première fois que les cantines sont décriées, et pas seulement en France. Aux États-Unis, les trois gouttes de sauces tomates bourrées de gras de sel et de sucre sur une pizza sont considérées comme un légume (cantines où sont quelques fois implantés les fast-foods). En Grande-Bretagne, les enfants souffrent de maladies digestives, car ils préfèrent manger au fast-food qu’à la cantine : ça a été l’âpre combat du chef Jamie Oliver il y a un peu plus d’une dizaine d’années. Combat vain face à des considérations économiques prioritaires, un jemenfoutisme de certaines autorités et une éducation alimentaire inexistante à la maison. Cyril Lignac avait participé à un programme télé similaire, dont les résultats positifs sont restés lettre morte.
À Paris, récemment, lors des dernières élections municipales, la plupart des candidats, de droite comme de gauche, avaient mis en avant dans leurs programmes la volonté de changer la donne sur le sujet. Les Parisiens attendent donc de vrais résultats avant les cinq années complètes de mandat…
Avec la collaboration de Fred Ricou
Mots-clés : cantine scolaire - documentaire télé - journaliste sur le terrain