Chaque année les amoureux de l’art contemporain se retrouvent à parcourir galeries, restaurants, hôtels et boutiques de luxe germanopratins lors de l’incontournable vernissage du Parcours Saint-Germain à Paris. Voir, boire et être vu…
Plus l’œuvre est absconse, plus le parisien blasé s’exclame au génie tout en sirotant son énième coupe de champagne. Las, avec la crise les cocktails façon « buffet dînatoire » régressent dangereusement au grand dam du pique-assiette esthète. D’Armani à Vuitton, de Ducasse à Marcolini, on compare la qualité du champagne offert, les œuvres et les artistes présents n’étant qu’un prétexte à la communication des grandes maisons. Parfois se glisse au milieu de l’itinéraire des grands noms, un charmant bar à vin de la rue Jacob ou un hôtel old school au ravissant petit jardin, occasion de réelles découvertes tant artistiques que culinaires.
Mais revenons à nos fondamentaux : comment croquer du chocolat tout en croquant de l’art ? Tout d’abord ami esthète sache que si tu veux vraiment admirer les œuvres exposées dans la petite boutique chocolatée de Maître Ducasse il te faudra arriver dès 18h, là tu pourras parler avec l’artiste. Vers 19h tout se gâte et tous les ans la foule invitée fait le pied de grue pour rentrer au compte-goutte. Cet engouement n’a, avouons-le, rien à voir avec les artistes qui y sont exposés… La raison est plus prosaïque, profiter tout son saoul des excellents chocolats maison. Mention spéciale aux pralinés noirs ou lait qui vous font régresser en position fœtale, quant aux amoureux de la ganache, le chocolat noir ganache au citron vert ravira les plus blasés des croqueurs avisés. La maison est généreuse et offre en flux continu tout un large panel de sa gamme le tout arrosé de vin et de champagne maison. Re-mention spéciale au sauternes Ducasse parfaitement équilibré (parole de bordelaise…). Ici on oublie clairement les œuvres au profit de ses papilles.
Chez Pierre Marcolini, c’est l’inverse, les œuvres exposées très poétiques remportent plus de succès que le chocolat. Ici pas de panel de la gamme, juste un cœur ganache sur socle de chocolat blanc le tout accompagné de champagne Mercier. Les aficionados déçus ne s’attardent pas, ils préfèrent filer chez Vuitton où le champagne maison coule à flot, ce qui compense la pauvreté artistique de l’exposition même s’il est de bon ton de s’extasier devant une chaussure Vuitton agrémentée de punaises renversées…
Il y a eu de belles découvertes lors de cette édition du parcours Saint-Germain. Tout d’abord le charmant petit bar à vin le bien nommé « Petit Jacob » au 40 de la rue Jacob. L’endroit est plaisant tout comme le personnel, les œuvres agréables et surtout le foie gras délicieux ainsi que les vins. On se promet d’y revenir pour un déjeuner ou un dîner entre amis.
Au 21 de la rue Jacob est niché un petit hôtel agrémenté d’un jardin caché. Coup de cœur pour les sculptures de Marine de Soos. Certes le snobisme ambiant n’aime guère les sculptures figuratives, mais ne jouons pas au faux intellos bobos, ces créations sont belles et poétiques, une vraie découverte. Quant à l’hôtel des Marronniers, on y reviendra pour son salon de thé par une belle journée ensoleillée dans son jardin secret.
À 21h le marathon artistico-gourmand se clôt et il est temps de trouver un restaurant à Saint Germain qui ne soit ni un attrape touriste ni une ruine financière. « Au 35 », sis 35 rue Jacob est un restaurant familial où se retrouvent germanopratins bon teint et touristes à la recherche du petit troquet coquet au charme désuet. On vous y accueille comme si vous étiez un habitué avec chaleur et sourire. Le menu du soir à 29,50 euros est un régal roboratif (soupe de melon glacée, pastilla de poulet aux épices, pêches rôties au miel) Mets et produits de qualité, prix tout doux surtout à midi. N’y allez pas, courez-y !
L’art, ça creuse…
Exposition Parcours Saint-Germain jusqu’au 18 juin pour tous, mais sans champagne ni chocolat.
Lieux d’expositions : www.parcoursaintgermain.com
Mots-clés : art moderne - chocolat restaurant - ducasse marcolini