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Lyon : Nous avons visité la Cité Internationale de la Gastronomie !

Ecrit par Lilian Auzas le 18.10.2019

Les Lyonnais s’impatientaient… Les Français l’attendaient avec curiosité… Le reste du monde gardait un œil attentif tourné vers la Cité des Gaules… Nous y sommes, ce samedi 19 octobre à 10h00, la Cité internationale de la gastronomie ouvrira ses portes au public. 7 de Table vous raconte cet espace fabuleux…

 

 

En 2010, la gastronomie française fut classée au patrimoine mondial culturel et immatériel de l’UNESCO. Afin de parfaire l’idée et d’illustrer ce classement, la France a décidé de fonder 4 Cités internationales de la gastronomie : Lyon, Dijon, Tours et Paris-Rungis. Comme le site lyonnais est l’ancien Grand Hôtel-Dieu, la thématique était toute trouvée : alimentation et santé. « Dijon évoquera surtout le terroir et la vigne… Quant à Tours et Rungis, les thématiques ne sont pas encore clairement définies » nous confie, hésitante, une des animatrices.

 

Les Lyonnais le savent déjà, les autres le découvriront très vite : le lieu est magique ! Fondé au XIIe siècle, le Grand Hôtel-Dieu fut le centre névralgique de la santé et de l’hospitalisation lyonnais. À l’origine, il était un lieu d’accueil pour les pauvres et les voyageurs. On offrait un lit pour se reposer et des repas pour qu’ils recouvrent la santé. L’histoire durera 900 ans : on y vit Rabelais qui occupa un poste de médecin au sein de cet hôpital entre 1532 et 1535 (il publiera d’ailleurs son mythique Pantagruel à Lyon)… Louise Labé, la célèbre poétesse lyonnoise, surnommée « la Belle cordière » (d’où le nom de la rue Bellecordière juste derrière le Grand Hôtel-Dieu), vivait à deux pas. Au milieu du XVIe siècle, elle comparait déjà le regard des hommes au miel dans un vers magnifique et interrogateur : « Qui est des yeus le plus emmieleur ? » (Sonnet XXI).

 

L’aspect actuel du bâtiment date du milieu du XVIIIe siècle. Il est bien évidemment signé Jacques-Germain Soufflot, architecte du Temple du Change à Lyon mais aussi (et surtout) du Panthéon de Paris. En visite incognito à Lyon en juillet 1777, l’archiduc Joseph II d’Autriche le qualifie de « temple magnifique » et de « monument élevé à la fièvre ».

 

Le Grand Hôtel-Dieu fut le témoin de grands progrès : c’est ici qu’on décida pour la toute première fois qu’il fallait se laver les mains avant d’opérer un patient… Étienne Destot  crée le premier laboratoire de radiologie, la chirurgie orthopédique y a fait ses tous premiers pas grâce à Louis Ollier et Marcel Mérieux y monte le premier laboratoire de biologie de la ville. Et ce ne sont que des exemples.

 

Autrefois, la cour du cloître était le « Jardin des simples » où les bonnes sœurs cultivaient des plantes médicinales destinées à l’apothicairerie de l’hôpital. Le Grand Hôtel-Dieu était alors organisé en quatre grandes salles disposées en croix autour d’un autel abrité par un Dôme. L’autel est toujours là, et l’œuvre de Vincent Breed, Faithfood, pratiques du monde (des cuillères noires géantes disposées en cercle) semble flotter juste au-dessus. Cette disposition des salles est une innovation capitale dans l’architecture hospitalière. On pouvait séparer les blessés des contagieux et cela ventilait les lieux. Le visiteur appréciera l’architecture, ses détails de la pierre et des boiseries, vrai bijou du patrimoine français. Les meubles de l’apothicairerie, entièrement rénovés, sont une splendeur.
 

Au total, ce n’est pas moins de 4000 m2 mis à la disposition des visiteurs qui devraient être autour de 300.000 attendus chaque année. L’idée est de promouvoir la gastronomie, et non de séparer les gens. Aussi, la Cité traite de toutes les cuisines : l’étoilée comme celle du quotidien. On axe sur l’éducation : prendre plaisir à « bien manger » car « une bonne nourriture, c’est le premier pas vers le rétablissement » nous explique Florent Bonnetain, Directeur des lieux. Le musée à proprement parler comporte six espaces : Au Grand Hôtel-Dieu rappelle l’histoire du bâtiment, Et demain ?, situé dans les anciennes salles du conseil et des archives, est une invitation à penser aux enjeux liés à l’alimentation (écologie, sociologie) ; on y trouvera des œuvres d’art contemporaines et anciennes en relation avec la gastronomie ou encore des tablettes interactives avec des interviews de Pascal Ory, Caroline Champion ou Régis Marcon notamment. Bon Appétit propose de découvrir la culture et l’histoire de la gastronomie lyonnaise. On y fait la part belle aux mythiques « Mères lyonnaises » et à Paul Bocuse : on peut y admirer son splendide piano de cuisson ou encore la marmite de la Mère Brazier. Le visiteur lambda apprendra beaucoup, le Lyonnais restera sans doute un peu sur sa faim… Miam Miam ! est le terrain des enfants où ils pourront apprendre en s’amusant sur la question écologique, l’importance d’une alimentation saine (la bouche géante où vous pouvez jouer à une sorte de Questions pour un champion pour les moins de 12 ans est géniale). On y trouve une grande casserole pour reconnaître des odeurs, la maquette d’une ferme ou encore une cuisine en modèle réduit pour jouer à une dînette de haut niveau. Une médiatrice de l’agence Magma qui participa au projet nous rappelle que « les attractions connectées sont très instinctives même pour des enfants en bas âge » (ce que nous confirmons) et que « le lieu invitera l’enfant à la patience, à rester calme » (de cela, nous en sommes moins sûr…). On trouvera aussi L’Atlas mondial de la Gastronomie, sorte d’invitation à voyager à travers les pratiques culinaires du monde, et enfin, À table !, un espace entièrement dans le noir qui montre un repas gastronomique français de la sélection des produits jusqu’à l’assiette : quizz (saviez-vous que le célèbre saucisson lyonnais, le Jésus, tient son nom du fait qu’il était traditionnellement servi le jour de Noël ?), écran digital où vous pouvez réaliser des recettes (c’est assez rigolo de faire un carré d’agneau rôti virtuel) et extraits de films (Le Festin de Babette de Gabriel Axel, Marie-Antoinette de Sofia Coppola entre autres). La muséographie de l’ensemble est très attractive et pédagogique. Les Lyonnais reconnaîtront certainement la touche des scénographes du Musée des Confluences (aidés ici par l’agence londonienne Casson Mann qui travaille actuellement sur les projets du futur Musée national de la Marine à Paris, et du Pressoir, un centre consacré aux vins de Champagne).


 


 

L’espace sera ouvert 362 jours par an, de 10h à 19h avec une nocturne jusqu’à 22h le samedi pour un tarif adulte à 12€. Des espaces (dans la Cité mais aussi hors les murs) proposeront des débats-conférences, des ateliers culinaires, des pièces de théâtre, des concerts et bien évidemment des expositions temporaires. À ce propos, c’est le peintre renaissant Arcimboldo qui ouvrira le bal de décembre prochain à mai 2020 ! En outre, chaque année un pays sera mis à l’honneur sur une période. Le premier invité à l’automne 2020 sera le Japon. Et bien évidemment, la Cité internationale de la gastronomie sera partenaire avec d’autres manifestations culturelles de la ville (Biennale d’art contemporain, Fête des lumières, etc.).

 

Mais ce qui est sans aucun doute le plus attendu, c’est le lieu de dégustation. En effet, une cuisine ouverte se situe sous les combles, tout en haut du Dôme des Quatre Rangs. Des chefs seront invités tout au long de l’année pour diriger l’équipe permanente et élaborer une carte, ou encore animer des ateliers. Le parrain qui débute dans l’arène est le Chef trois étoiles Régis Marcon. Ce dernier souhaite que le visiteur apprenne sur l’alimentation, qu’il soit néophyte en la matière ou non. L’espace veut créer une immersion sensorielle où se reflèteront des saisons et des destinations. Pour 12€ encore, vous pourrez alors déguster trois délicieuses bouchées gastronomiques, le tout accompagné d’un verre de vin. Nous avons notamment testé une joue de bœuf fondante absolument remarquable, un velouté de courge, et une crème au yuzu sur son biscuit : des œuvres d’art ! Le Chef de l’équipe permanente Cyril Banteonie explique qu’ils ont à cœur l’idée d’interagir avec les visiteurs ; ils échangeront et expliqueront. La cuisine ne sera pas une vitrine. « D’une certaine manière, nous serons aux petits soins des gens, comme les bonnes sœurs d’antan » nous confie-t-il avec un large sourire.

 

Au final, la Cité internationale de la gastronomie semble avoir coché toutes les cases pouvant la mener au succès que nous lui souhaitons. Nul doute qu’elle deviendra un lieu-phare de la culture lyonnaise. Elle saura attirer les visiteurs du monde entier par bien des aspects : son architecture fabuleuse et les thématiques qu’elle propose. Allez, venez y faire un tour ! Ici c’est pas la capitale mais vous pourrez y lantibardaner* à l’occasion d’un pot** ! (*en parler lyonnais cela signifie flâner, ** véritable institution dans les bars et les restaurant à Lyon, un pot est une bouteille de vin de 46 cl de contenance avec un fond épais de 3 à 4cm). Parce que s’il y a bien une chose qu’on sait faire à Lyon, c’est manger !


 


Cité Internationale de la Gastronomie

4, Grand Cloître du Grand Hôtel-Dieu,
69002 Lyon
 

Accès par la rue Bellecordière

 

Tarifs :

Adulte 12€

Pour les -16 ans 8€

Gratuit pour les moins de 5 ans

Tarif combiné visite + dégustation 24€

 

 

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