Le MuCEM de Marseille propose jusqu’au 30 septembre Manger à l’œil, une exposition photo sur la gastronomie qui traverse le temps de 1823 à nos jours. Vision en deux dimensions de nos pratiques culinaires depuis presque 200 ans.
Exposition Manger à l'œil - (c) Roger Viollet
Depuis 2010, le repas gastronomique Français est classé au patrimoine immatériel de l’UNESCO. Un classement qui ne concerne pas la qualité de la cuisine mais bien l’art de la table et les règles du repas à la Française.
C’est au travers d’environ 265 œuvres photographiques que s’articule cette exposition, elle nous amène vers une histoire qui lie la photographie et la nourriture. Des premiers pas de la photographie au #FoodPorn sur Instagram, des clichés amateurs ou des œuvres originales permettent de mieux connaître les habitudes alimentaires et le rapport qu’entretiennent les Français avec la cuisine.
Sylvain Massot, le scénographe de l’exposition, prend le parti de respecter la chronologie, créant ainsi un parcours qui est aussi un voyage au cœur des cuisines françaises. L’œuvre qui ouvre cette exposition, est aussi la plus ancienne : la table servie, reproduction d’une héliographie perdue de Nicéphore Niépce datant des années 1820. Pour cette première partie intitulée du mangeur au consommateur, se succèdent des images de pique-nique.
La Première Guerre mondiale nous offre l’occasion de voir les tables des poilus, celles des soldats des Colonies, puis les habitudes dans les villes et les campagnes. C’est à cette époque qu’apparaît le repas collectif pris au sein de l’entreprise. Puis la cocotte-minute fait son apparition et simplifie la vie en accélérant le temps de préparation. Les congés payés permettent d’ouvrir la vision du repas : on le partage. L’appareil photo se démocratise et avec lui les témoignages du quotidien comme les photos de plats et de tables. De 1940 à 1950, la seconde guerre frappe les Français sont rationnés et en 1945 au sortir de la Guerre les habitudes changent et la surconsommation devient monnaie courante. À travers les photos on assiste à la naissance de gestes qui sont devenus notre quotidien : aller au supermarché, au fastfood, consommer des plats cuisinés ou encore déjeuner dans un restoroute.
Dans les années 70, Moulinex « libère » la femme, avec ses ustensiles qui simplifie la vie comme le couteau électrique. Les années 80 nous ramènent à la création des Resto du Cœur avec une photo de Coluche. Les photos sont de plus en plus mises en scène. Avec les années 2000, arrivent les réseaux sociaux et le #FoodPorn. Particulièrement révélatrice de l’importance qu’a prise la nourriture dans nos vies : la création vidéo de Robin Lopvet, qui a rassemblé toutes les photos publiées avec ce hashtag durant 1 minutes sur Instagram, cela donne naissance à une vidéo de 6 minutes où défilent des plats du monde entier.
Le mélange de photos collectées auprès de particulier et de celles d’artiste reconnus permettent de voir la cuisine française dans sa globalité. Au centre de cette pièce se tiennent également des photos de présidents de la République lors de repas, des unes du journal Hara-Kiri, des fiches recettes du magazine Elle ou encore une cuisine vintage, échappée des années 70 devant laquelle le visiteur peut poser.
Et maintenant :
Exposition « Manger à l’œil »
Mucem (Marseille)
vendredi 20 juillet 2018 au dimanche 30 septembre 2018
Mots-clés : manger à l'œil - exposition marseille - culture culinaire